13 décembre 2017
"[...] La sociologie dominante ne voyait dans la société que des classes sociales. Mais une nouvelle classe d’âge se cristallisait à l’évidence au sein de cette jeunesse adolescente, entre le cocon de l’enfance et les conformismes de la vie adulte, qui constituait sa culture propre, ses rites, ses coutumes, sa communauté. Par-delà les classes sociales, dans l’Europe de l’Est (contre les bureaucrates staliniens) et à l’Ouest (contre l’autoritarisme parental et institutionnel), une jeunesse française, dont Johnny était l’étendard, s’émancipait. [...]
Johnny a touché les classes populaires, mais aussi une grande partie des classes moyennes et même les intellectuels, ce qui explique qu’un écrivain comme Elsa Triolet ou qu’une personnalité politique comme Jean-Pierre Raffarin aient pu succomber à son charme. Impossible de dire ce que sera cette cérémonie, communion consensuelle ou nouveau concert de la Nation. Ce sera une communion musicale, mais aussi nationale. Car en cette période de désorientation et de division, le souvenir de Johnny Hallyday réchauffe le sens de l’identité française.
Ne l’oublions pas, son succès est un phénomène français qui ne franchit guère les frontières, contrairement à celui d’Elvis, des Beatles ou des Rolling Stones. Cet hommage national est une chose bienvenue – et éphémère – qui rappelle lointainement le moment où la France a gagné la Coupe du monde de football en 1998. C’est une figure de proue, figure de la culture adolescente dont le souvenir demeure même chez les octogénaires qui ont gardé l’enchantement de ces concerts. La mort transcende tout. Comme dit une locution latine, de mortuis nihil nisi bonum « des morts on ne dit que du bien ». [...]"
Lire "Edgar Morin : « Le souvenir de Johnny réchauffe le sens de l’identité française »".
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