Jean-Paul Brighelli, enseignant, essayiste, auteur notamment de "La Fabrique du crétin" (Gawsewitch, 2005) 26 août 2015
"[...] Le fait est que chaque époque, en fonction de ses connaissances, fournit son explication du monde. Du temps où j’étais homme de Tautavel, nous pensions que chaque brin d’herbe, chaque arbre, chaque volcan, était la manifestation d’une force incompréhensible. Puis vinrent les Dieux immortels (et je mets au défi les sectateurs de Moïse, Jésus et Mahomet de me prouver qu’ils sont morts), qui se partagèrent des secteurs entiers du vivant. C’est ainsi que Zeus eut le Ciel, Poséidon la Terre et la Mer et Hadès le sous-sol et le noir Erèbe. Quelques siècles encore, et d’aucuns, copiant un ancien pharaon, ramassèrent toutes ces divinités en une seule. Attendez un millénaire et des poussières, et Spinoza, Voltaire, Diderot, Feuerbach, Darwin et Nietzsche ont assassiné ce dieu unique — et j’attends que l’on me prouve qu’il n’est pas mort. Tout cela est question d’opinion, et mon ami Philippe le Macédonien, quoiqu’il soit parfaitement fou, n’est pas assez intolérant pour administrer la ciguë, comme il dit, aux sectateurs du dieu unique, reliquat de temps anciens de superstition : toutes les folies sont de ce monde.
Alors qu’on cesse de me les briser menu avec des raisonnements du genre « Dieu le veut » ! Dieu ne veut rien, et Zeus ne veut rien non plus : il se contente de brandir la foudre, et de l’envoyer sur les imbéciles qui contestent le droit inaliénable de l’être humain à ne pas croire. Mais voilà, avec l’âge, il ne vise pas toujours très bien."
Comité Laïcité République
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