Revue de presse

"Deux jours en immersion dans l’Eglise "qui en a"" (Charlie Hebdo, 7 août 19)

REPORTAGE A L’UNIVERSITÉ D’ÉTÉ DE CATHOS D’EXTRÊME DROITE. Par Laure Daussy, dessins Foolz. 9 août 2019

[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"On s’est infiltrés dans une université d’été de cathos d’extrême droite près de Toulon, placée sous le thème « Ce meilleur des mondes et son idéologie totalitaire » et organisée par Bernard Antony, une ancienne figure du FN. On a demandé bien poliment comment s’accréditer. Devant l’absence de réponse, nous sommes venus sous pseudos, en prétextant un retour à la foi. On n’a pas été déçus.

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Ils se disent engagés dans un « combat politique » pour « faciliter l’arrivée du règne du Christ » . L’affaire Vincent Lambert les a chauffés à blanc, le « lobby LGBT » les obsède, l’arrivée de la PMA les met hors d’eux. Certains n’ont toujours pas digéré la Révolution française et considèrent que les lois de Dieu sont au-dessus de l’État. Ils appellent à la « résistance », y compris de manière illégale, comme retirer ses enfants de l’école quand il est question d’éducation sexuelle. Se sachant minoritaires, ils sont d’autant plus hargneux. Plongée dans leur monde.

Ce dimanche matin, comme tous les autres matins de la semaine d’université d’été, c’est la messe en latin. Elle a lieu ce jour-là dans une église bien particulière de Toulon, celle de l’abbé Loiseau, ancien de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, communauté intégriste fondée par M gr Lefebvre, qui avait été excommunié par le Vatican. La petite centaine de participants de l’université d’été se presse sur le parvis. Ils sont membres de l’Agrif (Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française et chrétienne), du Centre Charlier ou de Chrétienté-Solidarité, trois entités fondées dans les années 80 par Bernard Antony - figure de l’extrême droite qui fut député européen FN à l’époque de Jean-Marie Le Pen.

Nous nous présentons à lui, prétextant un intérêt pour son mouvement. Il se dit ravi de voir de nouveaux venus - il n’y en a pas souvent, c’est un monde qui vit en vase clos - et nous accueille à bras ouverts. On est acceptés, même si on n’a pas révisé notre latin. Ici, tous sont adeptes de la messe traditionaliste tridentine (antérieure au concile Vatican II, mais réhabilitée par Benoît XVI), il n’est donc pas question de suivre un office en français, la langue de l’Église en perdition.

Certaines femmes portent des mantilles, tous ont le look catho tradi, chaussures bateau, pantalon de couleur et chemise ou polo bleu ciel. L’abbé Loiseau étant en déplacement, c’est l’abbé Dubrule, de la même communauté, qui sert la messe. Il est dos aux fidèles, la prière et la communion se font à genoux, et, au moment de l’homélie, il monte en chaire pour être tout au-dessus des fidèles - ce qui ne se fait plus dans les églises depuis le concile Vatican II. Il n’hésite pas à se féliciter au micro d’avoir dans l’assistance Bernard Antony en personne et toute sa clique, et annonce même l’ouverture du bar de la paroisse pour y accueillir les participants de l’université d’été.

Le bar de l’église et l’ancien skinhead

Direction donc le Graal, juste à côté. Le bar est bien dans la ligne de cette communauté : comment faire feu de tout bois pour évangéliser. « Les gens entrent ici sans savoir que ça fait partie de l’église, on leur sert un coup à boire et on parle de l’Évangile », nous explique-t-on. Surtout, c’est un ancien bar gay. Une victoire sur le « lobby LGBT », comme ils l’appellent. Le bar avait été vendu aux enchères. « Les enchères allaient continuer, l’abbé n’aurait pas eu assez d’argent. Il a prié la Vierge Marie, et les enchères se sont arrêtées », nous raconte une participante. Alléluia ! Et tant pis si on y croise aujourd’hui un ancien skinhead. « J’ai été voyou dans ma jeunesse, j’étais dans le service d’ordre du pèlerinage de Chartres [pèlerinage traditionaliste, ndlr]. J’ai même été viré de l’Agrif par Bernard Antony, mais on est restés en bons termes. » Toujours édifiant de voir qu’il y a plus extrême droite que l’extrême droite.

L’ancien skinhead sirote sa bière à côté de l’abbé Dubrule, qui s’énerve, car il y a une infiltration d’eau dans le bar. La Vierge Marie doit être occupée ailleurs, dommage. Les participants de l’université d’été louent les curés de cette église : « Dans cette paroisse, les prêtres sont formidables : ils vont sur les plages évangéliser les vacanciers, ils vont même évangéliser dans les quartiers musulmans de Toulon ! » Pour les traditionalistes, le prosélytisme, il n’y a que ça de vrai.

L’université d’été, c’est aussi des repas pris « en famille », la grande famille de l’extrême droite. Au premier repas, à côté de nous, une participante replonge dans ses souvenirs d’ado, lorsqu’elle collait des affiches pour le FN à l’âge de 15 ans et qu’elle a incité ses propres parents à adhérer au Front. Ah ! les souvenirs d’anciens combattants : « On nous disait de ne pas s’arrêter au feu rouge pour ne pas être agressé, et d’être armé. » « Vous auriez dû vous arrêter et tirer », rigole un autre convive, mimant le geste. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé : en 1995, un jeune Comorien de 17 ans avait été tué d’une balle dans le dos par des colleurs d’affiches du FN à Marseille. « Ils ne l’ont pas fait exprès, ils ont eu peur, les Comoriens couraient pour prendre leur bus, les membres du FN ont cru qu’ils venaient les agresser », tente d’expliquer une participante.

Mais le FN, c’est plus ce que c’était. « C’est devenu de gauche maintenant », déplore-t-on à table.

Parents délinquants

L’après-midi est consacré à deux conférences édifiantes de ces fous de Dieu. Une sur ce qu’ils appellent la « propagande sexualiste » à l’école, qui fait la part belle aux théories complotistes sur l’enseignement de l’éducation sexuelle - on apprendrait le porno à l’école -, et une autre sur le « lobby LGBT ». L’un des participants estime d’ailleurs qu’il faudrait ajouter ce lobby aux « États confédérés » du nationaliste Maurras. Rappelons que Maurras désignait ainsi « les juifs, les francs-maçons, les étrangers et les protestants », qui à ses yeux étaient des groupes faisant obstacle à l’unité de la France.

On découvre des familles qui n’hésitent pas à appeler à des actions illégales en retirant leurs enfants quand l’enseignement ne leur plaît pas. « Il faut être en résistance, il faut qu’on ait du courage, c’est pas parce qu’on risque la condamnation qu’il ne faut pas agir », clame ainsi Guillaume de Thieulloy, coorganisateur des universités d’été et directeur du site traditionaliste Le Salon beige. Précisons qu’il travaille aussi avec le sénateur LR Sébastien Meurant : on a donc un proche de sénateur qui n’hésite pas à appeler à l’illégalité...

Il raconte ainsi qu’un lycée « très bien » de Versailles a osé faire venir un poète « qui se présente comme gay et prostitué la nuit » - manifestement, il n’aurait pas voulu rencontrer Rimbaud s’il avait été vivant. Et de déplorer : « Moins de la moitié des parents ont souhaité retirer leurs enfants lorsqu’il est venu. » Un autre : « Moi, je n’hésite pas à demander à un médecin des certificats médicaux en blanc, et quand je sais qu’il y a un cours sur la sexualité, ma fille est absente. » Un autre encore a carrément décidé de scolariser ses six enfants à la maison. Une personne au fond de la salle se plaint du lycée Stanislas, qui n’est pourtant pas l’établissement le plus laxiste de Paris : « La résistance des parents, on a essayé d’en faire à Stanislas contre les cours de SVT scandaleux, qui faisaient des renvois au planning familial... Dans une si belle institution, nous nous sommes heurtés à la dérision du directeur, qui pourtant n’est pas un mauvais bougre, qui tenait à peu près sa boutique, il empêchait les gamins de mettre des baskets. »

Ainsi, pour certains, même les institutions les plus catholiques ne luttent pas assez contre le « lobby LGBT ». Des parents se plaignent que leurs enfants aient été exclus de l’Institut catholique d’études supérieures (Ices, ou Institut catholique de Vendée) à La Roche-sur-Yon pour avoir vandalisé des stands LGBT : « C’est une honte qu’ils aient été virés, ils n’ont crevé que deux trois ballons. » C’est pourtant une affaire qui a été portée devant la justice, et le parquet a requis en juin de deux à huit mois de prison avec sursis. Si même les institutions cathos virent les homophobes, en effet, que vont-ils devenir

Quand ils évoquent la possibilité pour les homos de donner leur sang, l’un se lâche à propos du risque de contamination par le sida : « C’est le mythe révolutionnaire poussé à son extrême : qu’un sang impur abreuve nos sillons. » Et la salle de débattre : comment « bloquer les lobbies LGBT à tous les niveaux » . Guillaume de Thieulloy propose d’interdire la Gay Pride : « C’est une question de pudeur, mon enfant de 10 ans a croisé la Gay Pride. je lui ai dit c’est l’inverse des manifs que nous faisons. »

Un participant proche des intégristes de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X se lève et propose d’aller plus loin : « Il faudrait prendre modèle sur Poutine, qui interdit la propagande LGBT, et même de manière plus renforcée. » On l’interroge un peu plus tard pour approfondir son idée : « Il faudrait interdire d’en parler dans les livres, à la télé, à l’école. » Et pour la Gay Pride, « dès qu’ils se rassemblent, la police doit intervenir » . « C’est une perversion contre nature, sataniste », martèle-t-il.

Mgr Rey, l’évêque qui fait la jonction avec l’extrême droite

Deuxième jour. Les participants ont droit à une messe en latin donnée par l’évêque en personne, Mgr Rey. « Peu d’évêques se pressent pour venir nous voir », glisse Guillaume de Thieulloy. Ce n’est pas un hasard si l’université de l’Agrif se déroule dans le diocèse de Toulon, dans le domaine de la Castille, propriété du diocèse. On est ici sur les terres de l’un des évêques les plus réacs de France. Visage chauve à la Yul Brynner, ancien inspecteur des finances devenu évêque sur le tard, Mgr Rey est surtout un « vieil ami » de Bernard Antony : « On se connaît depuis longtemps », glisse l’organisateur, qui attend que l’évêque se gare sur sa place de parking réservée « pour Monseigneur » dans le domaine.

Les tradis l’adorent : « Son diocèse est dynamique, le nombre de séminaristes est en hausse, il y a des prêtres dans toutes les paroisses. » Et pour ça, il n’y a pas de mystère : « Mgr Rey, tout ce qui fonctionne, il prend », s’enthousiasme Guillaume de Thieulloy. Y compris les prêtres les plus illuminés. Tous les deux reviennent d’ailleurs d’un voyage en Californie, où Rey s’est inspiré des megachurches américaines et autres communautés charismatiques pour importer leurs méthodes dans son diocèse.

L’évêque, en venant ici, n’hésite donc pas à faire la jonction entre l’Église traditionaliste et l’Église « officielle ». Il faut dire qu’il avait lui-même invité Marion Maréchal-Le Pen lors de ses propres universités d’été en 2015, il n’est donc plus à ça près. Ou comment une partie de l’Église catholique de France fricote avec l’extrême droite.

Après la messe, il intervient pour un échange avec les participants. Dans la salle s’élèvent plusieurs drapeaux du Centre Charlier, « Dieu, Famille, Patrie ». À un mot près, on est avec Pétain. « Je compte sur vous pour ne pas mal lui parler », glisse Bernard Antony à ses ouailles. En effet, tout réac qu’il est, les traditionalistes trouvent que Mgr Rey n’en fait pas assez.

« On est ici engagés dans un combat politique pour faciliter l’arrivée du règne du Christ », clame Thieulloy lors de l’intervention. « Citez-nous un élément fort de l’Église aujourd’hui », attaque un des jeunes présents. « Nos prêtres sont en errance parfois », tacle un autre. Rey déplore lui-même que des prêtres refusent de se soumettre dans d’autres diocèses à des évêques qu’ils jugent trop réacs. « Qu’est-ce qu’on peut faire Dans une entreprise, on le vire ; dans l’Église, on est obligé de le garder. » Et voilà, il faudrait songer à faciliter les licenciements dans l’Église... Décidément, la « start-up nation » influe partout.

Une jeune femme, à la fin : « Qu’est-ce qu’il faut faire pour retrouver la virilité de l’Église Même dans les milieux nationalistes, on suit le pape François, déplore-t-elle. On commence à penser que l’Église n’est que douceur, mollesse, maternante. » Mgr Rey lui rappelle que la masculinité, il s’y connaît : il a mis en place des « camps de virilité » pour les hommes dans son diocèse : « Ça commence par de la boxe, et ça se termine par le saint sacrement, pour reconquérir la masculinité. » Et de citer « le prêtre des loubards », Guy Gilbert, venu à son ordination : « Qu’est-ce qu’il faut pour être un évêque Il faut en avoir. » Rires dans l’assistance. « Je vous propose un examen médical avant la sélection des candidats. »

L’évêque a dragué l’extrême droite, conquise. L’intervention se termine, tout le monde se lève, le prélat entonne un chant, on se croirait chez les scouts. Mais ici, ce sont des adultes qui fourbissent leurs armes : « Au jour du grand appel nous serons là, nous serons lààà. »

En attendant l’avénement de Marion Maréchal

Que vote-on aujourd’hui quand on est catho traditionaliste Une seule chose les réunit, la haine du « régime macronien ». L’un s’insurge : « 37% des catho ont voté Macron aux européennes, il y a un déficit d’information de la part des prêtres, qui devraient expliquer que Macron s’oppose aux valeurs chrétiennes » .

Macron, pour eux, c’est la « culture de mort », celui qui a permis l’euthanasie de Vincent Lambert. La ministre de la Santé, qui avait pris position sur le sujet est qualifiée au passage en toute subtilité de « faucheuse » ou de « salope » . Le discours des Bernardins, qu’avait prononcé Macron devant les évêques en 2018, ne passe toujours pas. Il avait été perçu médiatiquement comme remettant en cause la laïcité.

Mais pour Guillaume de Thieulloy, co-organisateur des université d’été, c’était « un discours hallucinant de barbarie et de totalitarisme révolutionnaire ». C’est le dernier paragraphe qui le fait bondir, celui ou Macron affirme que « la loi d’Airain », « c’est de respecter toutes les lois de la République ». Mais pour ces tradis cathos, c’est la loi de Dieu qui se place au dessus de celle de l’Etat. IVG, euthanasie, PMA, le triptyque repoussoir contre lesquels ils sont en « résistance » . « Si on considère que l’IVG est contre la nature, on ne peut pas respecter la loi d’Airain » . « A partir de quand peut on considérer qu’un régime politique est mauvais, qu’il apporte une culture sataniste », demande un des jeunes lors d’une conférence. La plupart se disent « orphelins », « personne ne nous représente ».

Marine Le Pen, ils n’en parlent même pas. Sauf pour déplorer le nouveau nom du FN, devenu RN. « Ils ont piqué RN à "Restauration nationale" » , déplore l’un des participants, royaliste. La Restauration nationale étant un courant du royalisme, proche de l’action française.

« Tu es pour quel roi », lui demande un convive - parce que là aussi il y a plusieurs candidats. « Ce serait plutôt Jean, parce que je le connais. Mais celui qui entrera à Reims, je m’agenouillerai devant lui. », jure-t-il. Pour l’instant, il vote Rassemblement National, « par défaut » .

Pour beaucoup d’entre eux, l’avenir c’est Marion Maréchal, plus proche des courants traditionnalistes. Guillaume de Thieulloy déplore qu’elle ait annulé sa venue dans une autre université d’été de tradis cathos, celle d’Academia Christiana. La faute de son entourage selon lui. « Ils ne comprennent pas que c’est nous, les catho traditionalistes, son électorat ».

Le sénateur LR pour lequel travaille Thieulloy est d’ailleurs de ceux qui ont dîné avec Marion Maréchal pour créer des ponts avec LR. L’un, à table, ose critiquer Jean-Marie Le Pen. Une dame s’insurge : « ah mais il est intelligent Jean-Marie, provocateur, mais intelligent ! ». Un autre dit voter pour Civitas. Cette organisation intégriste devenu micro-parti politique avait présenté plusieurs candidats aux élections législatives de 2017, dont des candidats exclus du FN pour avoir fait des saluts nazis. L. D.


Véronique Levy, l’illuminée de Jésus

C’est leur star à eux. Elle vient assister à la messe en latin de Monseigneur Rey, voile blanc sur la tête et jupe longue blanche, l’air éthéré et pénétrée par la grâce. Peu connue du grand public, Véronique Lévy, soeur de BHL, se présente comme une « mystique », convertie en 2012.

Les cathos tradis l’adorent, car elle a pris fait et cause pour le maintien en vie de Vincent Lambert. Elle vient parler de son livre Jésus-Christ et les robots . On pensait qu’elle parlait de transhumanisme, c’est en fait une référence à un épisode de sa vie : « Le Christ est venu me chercher quand j’avais trois ans sur une page du Sud de la France, par l’intermédiaire d’une petite fille qui m’a dit "Si tu ne crois pas en Jésus, tu seras emportée par les robots" » .

Aujourd’hui, elle veut convertir tout le monde. « Seule la religion catholique permet le salut », clame-t-elle, « il faut que tous les musulmans se convertissent au christianisme ». Elle raconte avoir vu des femmes musulmanes allumer des cierges dans une église. Preuve que les musulmans se convertiront, mais d’abord les femmes. « Je sens quelque chose de marial en elles ».

Elle glisse, lors des dédicaces de son livre, avoir même « peur » pour son frère, BHL : « Je voudrais qu’il se convertisse ». Elle voit Satan partout, et surtout dans la PMA. Elle considère que l’on est dans une « troisième guerre », la guerre du gène. « Pire que le nazisme, pire que le communisme qui étaient visibles, on assiste à un totalitarisme qui va s’insinuer jusqu’au coeur du génome pour effacer toute trace de Dieu ». « La gnose luciférienne s’incarne dans la PMA », insiste-t-elle.

Elle souhaite un catholicisme de combat, raconte l’histoire d’une djihadiste qui avait choisie la religion musulmane « car les musulmans assument leur foi ». « Si elle avait croisé des catho sûrs de leur foi, elles ne seraient pas devenue djihadiste », estime-t-elle.

« Nous devons être visibles », ajoute-t-elle. « Je porte un foulard comme à l’époque de Marie, ce n’est pas un attribut des musulmans, c’est un attribut de chrétiens ». À la fin, une organisatrice : « Ça change du filet d’eau tiède de l’église, non Il faudrait l’emmener de diocèse en diocèse pour qu’elle réveille les évêques ». Ou lui proposer un suivi psychologique, peut-être L. D.


Comment Charlie a infiltré l’Agrif

Bernard Antony est une vieille connaissance du journal. Avec son association, l’Agrif (Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française et chrétienne), il mène un combat juridique acharné pour défendre la religion chrétienne. C’est ainsi qu’il a porté plainte pas moins de six fois contre Charlie Hebdo. Il avait aussi porté plainte par exemple contre la pièce Golgota Picnic au Théâtre du Rond-Point. Des procès tous perdus. Qui est donc militant à l’Agrif aujourd’hui ? Lorsque nous avons vu passer l’annonce de leur université d’été, évoquant des questions d’actualité comme Vincent Lambert, la PMA, avec, en plus, la présence d’un évêque « officiel » pour les « adouber », on s’est dit : il faut y aller !

On a essayé de s’accréditer officiellement pour Charlie Hebdo, mais sans succès... On a donc décidé d’y aller sous une fausse identité, avec un « chauffeur ». Oui, c’est ainsi que le site traditionaliste Le Salon beige a cru identifier Foolz. Y aller infiltré, c’est aussi le seul moyen d’entendre ces cathos tradis appeler à retirer leurs enfants de l’école et revendiquer d’être au-dessus des lois de la République.

Bernard Antony nous a d’abord accueillis à bras ouverts, heureux de voir de nouveaux arrivants. Toute la première journée, nous sommes les bienvenus. Le deuxième jour, il commence à se poser des questions : « Comment ça se fait que je ne vous connais pas ? » Ici, tout le monde se côtoie dans les sphères de l’extrême droite, forcément, on n’y est donc pas très bien intégrés. Puis il revient à la charge l’après-midi, au bluff : « Alors, vous êtes de quel média ? J’ai déjà eu Libé ou Le Monde, que l’on a reconduits à la sortie d’autres fois. » Et d’ajouter : « Si un journaliste de Charlie est là, je demanderai à des "jeunes filles" de s’occuper de lui. »

On feint l’indignation. Charlie ? Mais comment ça ? Quelle horreur ! Il est rassuré. Pour lui, manifestement, un journaliste de Charlie est forcément un homme. On n’est pas encore repérés. Il nous observe du coin de l’oeil lors d’un repas avec Mgr Rey. Nous assistons à une dernière conférence l’après-midi. Mais le lendemain matin, un article du blog Le Salon beige nous apprenait que nous avions été démasqués. Pas grave, on en avait déjà suffisamment entendu." L. D.

Lire "Deux jours en immersion dans l’Eglise "qui en a"".




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