28 janvier 2012
"Le think tank Terra Nova interpelle les candidats à l’Elysée, mais bute sur l’absence de données ethniques.
La France a évolué sur l’acceptation de la diversité, estime Olivier Ferrand, le président du think tank Terra Nova, car elle reconnaît aujourd’hui « la diversité des visages ». « Mais il faut aujourd’hui que la France reconnaisse la diversité des messages ». « On voudrait que les Noirs, les Arabes, les Asiatiques se reconnaissent dans l’expression "nos ancêtres les Gaulois". On voudrait que les musulmans soient "discrets". Ce n’est pas notre vision des choses. Notre identité nationale a évolué avec l’arrivée de nouvelles minorités, elle est en mouvement. »
Mixité. C’est autour de cette idée, celle d’une société qui accepte l’identité des nouveaux Français et des Français issus de l’immigration que Terra Nova et le magazine Respect mag ont présenté hier aux candidats à la présidentielle un appel pour la diversité articulé autour de 16 propositions. Certaines, déjà évoquées, voire déjà promises, sur la mixité dans le logement, les contrôles au faciès, la création d’un ministère de l’Egalité, font figure de piqûres de rappel à l’intention de politiques souvent oublieux sur ces sujets. D’autres, plus techniques, constituent des essais concrets de rééquilibrage.
Parmi eux, la création d’« emplois francs », qui offrirait aux entreprises des exonérations de charges pour l’emploi de salariés habitant en zone urbaine sensible. Un CV issu des quartiers populaires a 7 fois moins de chances d’obtenir un entretien qu’un CV identique domicilié en centre-ville. « La discrimination territoriale est une des plus fortes. Avec cette mesure, on peut créer des flux. Un jeune d’un quartier populaire qui a l’opportunité de travailler hors de son quartier va se créer une expérience, tisser des réseaux et sortir de l’isolement », explique Yacine Djaziri, président de La nouvelle PME et coauteur de ce projet.
Propositions pour certaines issues d’expériences menées à l’étranger. Ainsi, celle sur l’équité en matière d’emploi, inspirée du modèle canadien. L’idée : intégrer dans la responsabilité sociale des moyennes et grandes entreprises l’obligation de procéder à des bilans sur des critères « mesurables », tels que l’âge, le sexe ou l’origine. Le système permet d’évaluer si la diversité dans l’entreprise est conforme à celle du territoire où elle est implantée. Et, si ce n’est pas le cas, d’inciter à redresser la barre. La méthode, pourtant non contraignante, a eu des effets très positifs au Canada.
En France, elle se heurterait cependant à un problème de taille : l’interdiction des données ethniques qui empêche une mesure de ce critère « d’origine ». « Il faudra trouver un compromis sur cette question et rouvrir le débat des statistiques. C’est ce qu’avait fait le rapport Héran [directeur de l’Institut national d’études démographiques, ndlr], enfermé depuis dans un tiroir », regrette Olivier Ferrand. Ce rapport proposait, entre autres, d’introduire dans la statistique publique le pays de naissance des parents. Actuellement, la diversité, « enjeu majeur » selon les auteurs de cet appel, ne bénéficie d’aucun outil d’évaluation."
Comité Laïcité République
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