Revue de presse

"Délits de blasphème en Pologne" (lemondedesreligions.fr , 7 nov. 12)

7 novembre 2012

"Le « délit de blasphème » fait la une en Pologne. Un chanteur de rock métal, Adam Darski, est jugé depuis cinq ans pour avoir déchiré une bible sur scène, lors d’un concert de son groupe Behemoth. Il a de plus accusé l’Église catholique d’être « une secte meurtrière ». Jugé une première fois en 2010, il avait plaidé la performance artistique et s’était défendu d’avoir eu l’intention d’offenser qui que ce soit. Il soutint également que la liberté d’expression devrait primer sur la religion. Bien qu’il fut innocenté, les juges de la Haute Cour de Varsovie ont estimé, la semaine dernière, que son acte était intentionnel et qu’il devrait en conséquence être à nouveau jugé.

L’affaire suscite beaucoup de débats en Pologne : Adam Darski a été jury de l’émission The voice of Poland, un équivalent de La Nouvelle star — le grand public le connaît bien… Il y a moins d’un an, son ex-petite amie, la chanteuse pop Doda, parfois présentée comme « la Lady Gaga polonaise », a été jugée pour avoir critiqué la bible lors d’une interview télévisée. Elle avait déclaré qu’elle ne croyait pas aux récits de ce texte, parce qu’il était « difficile de croire en quelque chose qui a été écrit par quelqu’un de complètement ivre, qui fumait des joints ». Elle fut condamnée à verser 5000 złotys — environ 1100 €.

Dans ce pays, où 95 % de la population serait catholique, l’Église s’appuie sur l’interdiction d’offenser des sentiments religieux « par le recours à la calomnie publique d’un objet de croyance » — article 196 du code pénal polonais. Lors du procès d’Adam Darsky, un prêtre libéral, Adam Boniecki — qui fut le confident du pape Jean-Paul II —, a défendu la liberté d’expression contre le délit de blasphème. Les autorités ecclésiales de Varsovie l’ont aussitôt sommé de « limiter ses apparitions dans les médias ». Des voix se sont même élevées pour exiger son excommunication.

L’Église prend très au sérieux tous les actes qu’elle juge blasphématoires, que ce soit les « ambiances satanistes » qui accompagnent certains concerts de rock métal ou, dernièrement, la fête d’Halloween. Trois jours avant la Toussaint, en effet, l’archidiocèse de Varsovie a condamné sur son site internet « un fruit de la propagation de l’occultisme et de la magie », une tradition qui « a ses racines dans l’adoration païennes des esprits et d’un dieu celtique de la mort », voire « la plus grande fête luciférienne »…"

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