Revue de presse

"Décision de la Cour suprême : attention à la caricature qui « talibanise » l’Amérique" (L. Mandeville, Le Figaro, 27 juin 22)

5 juillet 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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"[...] Contrairement aux Français, qui ont accepté collectivement le droit à l’avortement à la faveur d’un vote démocratique, les Américains, court-circuités par les juges, ne sont jamais parvenus à un consensus. Pays fédéral toujours très chrétien, les États-Unis restent en réalité très partagés sur l’avortement, même si une majorité de 60 % est aujourd’hui favorable à ce droit, les désaccords portant surtout sur son encadrement. Loin de refléter l’approbation de la majorité de la population, la décision « Roe vs Wade » avait été imposée par le haut au pays en 1973 par une Cour suprême progressiste, évacuant du débat la moitié conservatrice du pays. La décision de vendredi dernier ressemble de ce point de vue à un effet boomerang. Comme le note le professeur de philosophie politique Joshua Mitchell, de l’université de Georgetown, « ce qui peut vivre par la Cour, peut mourir par la Cour ». Autrement dit, les juges américains s’étaient substitués à la délibération démocratique.

Aujourd’hui, ils ne vont pas jusque-là, mais exigent un retour du dossier vers les États, revendication constante des conservateurs. Reflétant ce point de vue, le professeur Mitchell, favorable au droit à l’avortement des femmes dans « des limites raisonnables » de 12 semaines, parle d’une « très bonne nouvelle, car il ne s’agit pas d’interdire l’avortement, mais de renvoyer l’un des sujets les plus sérieux qui soit vers le corps politique ». « La politique doit venir en premier, le droit en second. Les juges ne peuvent se substituer au débat démocratique. Nous devons redevenir une nation politique, surmonter nos désaccords profonds par la conversation, même quand elle est extrêmement difficile, au lieu d’abandonner les décisions aux juges ou aux experts », insiste-t-il. « Tout le monde avait conclu que la gauche avait gagné la bataille culturelle. Cette dernière imaginait qu’elle pouvait considérer ceux qui résistaient comme “des accidents historiques” à ignorer, mais cette décision de la Cour, qui résulte de la contre-offensive menée sous Trump, montre que c’est plus compliqué », analyse Mitchell. [...]"

Lire "Décision de la Cour suprême sur l’avortement : attention à la caricature qui « talibanise » l’Amérique".


Voir aussi dans la Revue de presse le dossier Etats-Unis : avortement dans Etats-Unis d’Amérique, la rubrique Maternité, contraception, avortement (note du CLR).


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