Culture / Cinéma

Debout les femmes - Deux députés en immersion dans les « métiers du lien » (G. Durand)

par Gérard Durand. 15 novembre 2021

[Les échos "Culture" sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Debout les femmes, de François Ruffin, Gilles Perret (1 h 25), avec François Ruffin, Bruno Bonnell. 2020. Sorti le 13 oct. 21.

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Comme il l’avait fait dans ses précédents films, François Ruffin nous propose un reportage en ciblant une partie bien précise de notre société. Il s’agit cette fois de ce que l’on nomme « les métiers du lien ». Les invisibles, aides à domicile, aides médicales, professionnels de la propreté.

C’est le premier road movie parlementaire. Deux compères sont en mission officielle. François Ruffin bien sur, mais aussi Bruno Bonnell, député En Marche, chef d’entreprise connu pour ses positions de droite dure, parfois même réactionnaires. Sans doute nommé en commission pour compenser l’incontrôlable Ruffin, qui le qualifie de "tête de con".

Mais le tandem fonctionne. Nos compères vont mettre en évidence la grande misère de ce secteur dont Macron disait en pleine pandémie l’importance dans le fonctionnement de la société, ajoutant, sans en penser un seul mot, qu’il conviendra de revaloriser leurs conditions de travail sitôt la pandémie passée.

Les deux députés nous en parlent, des conditions de travail. Nous avons en France 702 000 personnes dans les métiers de l’aide à domicile. Leur salaire moyen est de 682 euros par mois. Celles qui s’expriment dans le film ont un peu plus de qualification et d’ancienneté, elles parviennent à 800 euros mensuels, un pactole ! Pour les 1,9 millions d’agents d’entretien, on frôle la richesse, avec un salaire moyen de 764 euros ! Tout cela pendant le confinement, sans masque, sans blouse, sans gel. Certaines se lancent même dans la couture pour fournir des surblouses à l’hôpital qui n’a plus rien pour protéger les soignants

La cause en est simple. Seules les heures de présence effectives au domicile des personnes aidées sont comptées. Rien pour la préparation, rien pour les temps de trajet entre deux personnes. Une amplitude horaire de dix heures pour seulement trois ou quatre, payées au Smic

Comme si un journaliste n’était payé que pour son temps d’antenne ou un pompier uniquement pour la durée des incendies.

Ne parlons même pas d’un quelconque avantage social. Ticket restaurant, 13e mois sont des termes inconnus dans ces métiers.

Nous apprenons que l’aide à domicile est, de loin, le premier secteur d’accidents du travail. Loin devant le bâtiment et tous les autres.
Epaules abimées à force d’aider des personnes âgées à se lever pour aller du lit au fauteuil, jambes écrasées par le vieux monsieur de cent kilos qui perd l’équilibre et vous tombe dessus.

Les reportages sont poignants. Certains soulèvent le cœur, comme cette séance de l’Assemblée nationale où l’on voit les robots macronistes rejeter l’un après l’autre les amendements permettant d’améliorer la vie de ce petit peuple, proche de l’esclavage. Même Bruno Bonnell en est choqué, sa position ayant changé devant cette succession d’injustices.

François Ruffin est un battant. Mais il accuse le coup quand on le trouve seul, assis sur l’une des bornes de la place Bourbon, avec l’air absent. A quoi bon toute cette peine quand rien ne bouge dans cette majorité réactionnaire.

Ce film est à voir par tout ceux que la réalité intéresse plus que les magnifiques discours en langue de bois, oubliés sitôt terminés. Ne tardez pas car il restera moins longtemps en salles que les films d’aventure.

Gérard Durand


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