Revue de presse

"De la publicité pour des aumôneries distribuée dans des collèges publics parisiens" (lefigaro.fr , 18 sept. 14)

20 septembre 2014

"Les prospectus d’information ont été distribués dans les documents de rentrée des élèves. La pratique est autorisée par la loi mais suscite malgré tout le mécontentement de parents et enseignants.

La période de rentrée, c’est l’heure de recevoir son emploi du temps, son nouveau carnet de correspondance, les conseils des professeurs. Et, pour certains élèves, une invitation à rejoindre l’aumônerie catholique du quartier. Cette année, des collégiens scolarisés dans des établissements publics du XVe arrondissement de Paris ont en effet trouvé, parmi leurs documents de rentrée, un prospectus présentant les activités périscolaires proposées par l’Église.

D’après Le Parisien , qui a pu consulter le document, l’aumônerie propose de l’aide aux devoirs, ainsi que des activités culturelles et des activités religieuses. Autant d’ateliers ouverts aux élèves des collèges Buffon, de Staël ou Georges-Duhamel et qui leur ont été proposés au moment de la rentrée 2014. L’information intrigue au sein d’un collège-lycée public. La pratique n’a toutefois rien de nouveau. En 2012, l’association de parents d’élèves FCPE avait déjà interpellé le recteur de Paris sur ces distributions qui ont cours dans la capitale, mais aussi dans d’autres villes, comme à Lyon. À cette époque, un document invitant à rejoindre l’aumônerie Buffon « pour l’amitié entre les jeunes dans une ambiance chrétienne » avait passablement agacé parents et enseignants.

« Ces documents sont donnés à titre informatif », précise le rectorat au Figaro, évoquant une « présence historique des aumôneries » au sein de quelques lycées. « Il ne s’agit aucunement de prosélytisme, d’aucune publicité », assure-t-on, indiquant que cette distribution « extrêmement encadrée » est prévue par la circulaire du 26 avril 1988. Ce texte prévoit la mise en place d’un service religieux dans certains collèges ou lycées publics, en application de la loi Ferry de 1882 qui visait à permettre l’accès à tous à un enseignement religieux.

Obligatoire dans les établissements avec internat, l’aumônerie peut faire l’objet d’une demande des parents dans les collèges et lycées en externat. Dans ce cas, il revient au recteur de se prononcer sur le « bien-fondé de la demande », en évaluant notamment la part des familles ayant sollicité cette création par rapport à l’ensemble des élèves. L’établissement doit alors « informer l’élève, à la première inscription, de l’existence d’une aumônerie », souligne Nadia Ben-Ayed, avocate au sein du cabinet Seban intervenant régulièrement sur les questions de laïcité. Il doit s’agir d’une « simple information de nature administrative », sans qu’aucun autre message ne soit délivré. « Si l’élève est encouragé à adhérer à tel ou tel culte, il s’agit alors de prosélytisme », résume la juriste. La forme que prend l’information est donc primordiale.

Cette législation est contestée par la FCPE. « L’école doit rester laïque. À ce titre, la religion doit rester sur le pas de la porte de l’école », estime Hervé-Jean Le Niger, président de la FCPE Paris. L’association considère que ces documents n’ont pas leur place dans l’école et que « le recteur, d’une manière générale, devrait veiller au respect de la laïcité ». Une réaction compréhensible pour Nadia Ben-Ayed, qui rappelle toutefois que cette législation vise précisément à respecter la liberté de culte. « Cela peut paraître contraire au principe de laïcité, en fait, non : l’État a pour mission d’assurer l’existence d’un pluralisme religieux », rappelle l’avocate.

Reste à s’assurer que tous les cultes sont considérés de manière égale. [...]"

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