Revue de presse

David Thomson : « Il est impossible de s’assurer de la sincérité du repentir d’un djihadiste » (Le Figaro, 26 jan. 18)

David Thomson, journaliste, Prix Albert-Londres 2017, auteur de "Les Revenants" (Seuil). 26 janvier 2018

"Menacé de mort, épuisé psychologiquement, David Thomson, lauréat du prix Albert-Londres, pensait avoir tourné la page de la question djihadiste. Il révèle les raisons de son silence et de son exil aux États-Unis et alerte une nouvelle fois sur le danger que représente le retour des combattants français de Daech."

"[...] Je suis toujours placé sous protection policière [...]. Nous sommes une quinzaine de civils dans ce cas en France. [...]

Durant mon travail en France, j’ai rencontré des djihadistes qui sont chauffeurs de taxi, agents de sécurité et même auxiliaires de police au guichet d’un commissariat. Il m’est arrivé d’en recroiser certains par hasard. [...]

On ne peut pas passer sa vie à sonder le pire de l’âme humaine. [...]

Je ne voulais pas ressembler à la caricature médiatique que j’ai souvent dénoncée : ces experts faussaires abonnés aux plateaux télé pour meubler du vide avec du vide et qui continuent d’occuper, hélas, la majeure partie du temps d’antenne. [...]

Les revenants reviennent déçus mais, pour la plupart, fidèles au courant djihadiste de l’islam sunnite. [...]

Ceux qui tournaient en dérision mes propos en 2014, quand j’essayais de les alerter sur les intentions terroristes des djihadistes français partis en Syrie, ont encore micros ouverts dans tous les médias audiovisuels. De nombreux experts de la non-expertise monnayent leur label "vu à la télé" auprès de l’autorité publique et certains ont fini par avoir l’oreille du précédent gouvernement. D’où les retards et erreurs d’analyse en France face à la menace terroriste. Ce phénomène est passé en dessous de tous les radars entre 2012 et 2013, et quand les autorités se sont réveillées, mi-2014, il était trop tard. [...].

Une des revenantes raconte qu’une des premières choses qu’on lui a demandées dans ces centres [de "déradicalisation" en France] était de témoigner sur BFM pour raconter comment elle avait été bien "déradicalisée". Quelques mois plus tard, elle repartait en Syrie. Il n’existe aucune méthode de déradicalisation d’Etat. Beaucoup ont prétendu le contraire pour des raisons politiques ou mercantiles. D’authentiques escrocs ont été abreuvés de centaines de milliers d’euros de subventions publiques dans l’opacité. Trois ans après les premiers programmes, si l’on fait le bilan, parmi les trois principales figures médiatiques de la déradicalisation, une a été condamnée pour détournement de fonds publics, un autre est en prison, mis en examen pour viols présumés de patientes et exercice illégal de la médecine, enfin la dernière est largement décrédibilisée, entre autres raisons parce que plusieurs jeunes femmes passées par son "centre", dont une présentée sur tous les plateaux télé comme modèle de réussite de sa méthode de déradicalisation, sont parties en Syrie. [...]

Il n’y a aucune différence à faire entre un homme et une femme en matière de djihadisme, les niveaux de détermination et de dangerosité sont les mêmes. [...]"

Lire "David Thomson : « Il est impossible de s’assurer de la sincérité du repentir d’un djihadiste »".


Voir aussi la rubrique "Déradicalisation" dans Djihadistes français et/ou en France (note du CLR).



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