28 septembre 2023
[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"Mercredi 27 septembre a eu lieu à la bourse du travail de Paris une soirée sur le thème de la répression grandissante contre les associations et des ripostes à mener. Entre les défenseurs des droits humains, des militants écolos et autres associatifs antiracistes, se sont habilement glissées quelques orateurs prompts à jouer de la confusion entre racisme et islamophobie, sauras-tu les retrouver ?
Natacha Devanda
Lire "Convergences des luttes : entre grand enjeu et grand foutoir idéologique".
[...] Et aujourd’hui ? Le risque n’est-il pas de voir fleurir des organisations sous statut 1901 dont les revendications religieuses et communautaristes pèsent lourd sur la société française ? Non à en croire les intervenants pour qui c’est même plutôt tout l’inverse. Car la soirée organisée par l’Observatoire des libertés associatives, jeune structure lancée en 2019 dont les derniers rapports portent sur les « 100 cas de restrictions des libertés associatives » et une « enquête sur la répression des associations dans le cadre de la lutte contre l’islamisme » a donné largement la parole à quelques personnalités pour le moins ambiguës.
Ainsi de Jawad Bachare, présenté comme un simple « militant contre l’islamophobie » sur le flyer de la réunion, l’homme se trouve être aussi l’ancien directeur du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), une association fondée par des proches des Frères musulmans – et dissoute en 2020. Cette islamophobie systémique d’État va revenir plus souvent qu’à son tour dans le débat et plus ou moins subtilement dans la soirée. Version soft mais plutôt approximative quant aux informations apportées, voici Mohamed Mechmache, de la coordination Pas sans nous. Autrement dit « pas sans nous, les habitants », pour définir la politique dans les quartiers populaires où, c’est vrai, on manque cruellement d’accès à des services publics de qualité. « Quand on manque de tout, quand on n’a plus accès à la santé, à l’emploi, quand on n’a pas la bonne couleur de peau, c’est trop facile de parler de communautarisme dans ces cas-là. La vraie question, c’est pourquoi on en est arrivé là ? ».
L’autre excellente question serait de savoir pourquoi des associations plus cultuelles que culturelles parviennent à s’infiltrer partout laissant croire partout que la France pratique une politique islamophobe systémique. Le comble ayant été atteint avec l’intervention énervée d’Omar Slaouti, membre de la coordination nationale contre les violences policières, par ailleurs professeur et élu d’opposition à Argenteuil. D’emblée, il veut mettre les pieds dans le plat et des « coups de pieds au cul sympathiques » aux autres intervenants qu’il estime n’être pas à la hauteur des enjeux de la lutte contre « l’islamophobie structurelle ». Pour lui, le CCIF est « la plus grande association anti-raciste », et en France, « les imams rasent les murs ».
Pas les mêmes valeurs
Accroché à son micro, attirant la sympathie du public en parsemant son discours d’anecdotes sur les youyous lors des mariages à Argenteuil, il embraye alors rapidement sur la manifestation contre les violences policières du 23 septembre dernier. Et, sans surprise, considère l’interdiction de l’abaya comme hautement « islamophobe ». « J’ai été de ceux qui ont préparé longuement cette manifestation. Au départ c’était contre les violences policières et pour les libertés publiques. Et puis Gabriel Attal a fait sa sortie sur les abayas. Donc évidemment, on met ça aussi dans nos revendications pour les libertés. » Mais patratas, ça ne suit pas ou peu.
Parmi les nombreuses organisations appelant à la manif, on se tâte, on hésite… Le pire pour Omar c’est la FSU, syndicat d’enseignants refusant d’aller sur le terrain miné de l’entrisme religieux à l’école. Un casus belli pour lui. « Là mes amis, on a un problème. On a raté des rendez-vous car nos élèves, nos sœurs qui portent l’abaya, elles ont l’impression qu’on leur enlève leur peau ». Rien que ça. Le tout sous les mouvements de tête approbateurs d’une partie du public et l’auto-critique presque masochiste de certains intervenants. Celle de Julien Le Guet par exemple. Le porte-parole du collectif Bassines Non Merci ! reprenant même à son compte la formule attribuée au pasteur Martin Niemöller – « Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste… » – pour déplorer ce manque de solidarité entre associatifs. Pourtant, si toutes les associations qui ripostent sont concernées par les attaques gouvernementales, tous les combats ne se valent pas.
Entre ceux qui défendent un modèle alternatif, respectueux des femmes, écologiste et les promoteurs d’un retour aux valeurs réactionnaires de la religion, l’alliance sera un jour ou l’autre contre-nature. Au petit jeu de la grande convergence des luttes, parions que certaines associations ont plus à perdre que d’autres."
Voir aussi dans la Revue de presse le dossier Loi "Principes de la République" : associations, contrat d’engagement républicain dans Loi "Principes de la République" (2020-21),
le communiqué du Collectif laïque national Les associations percevant de l’argent public doivent s’engager à respecter les principes de la République (Collectif laïque national, 2 fév. 21) (note de la rédaction CLR).
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