22 mars 2022
[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"Analyse Le maire divers gauche de Meylan fait l’objet d’un procès en diffamation de la part de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X. En cause, son éditorial dans le journal de la ville dans lequel il justifiait son refus de voir construire une église de la Fraternité sur son territoire.
Marie Joan
Elle est l’objet de toutes les discordes. La demande de permis de construire d’une église à Meylan (Isère) dans le parc privé de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX) attise les tensions. Le 8 février prochain se tiendra le procès pour diffamation de Philippe Cardin, maire divers gauche de Meylan. Ce dernier appelle à un « rassemblement républicain » le jour de son procès. « J’ai appelé au soutien des maires alentour, explique Philippe Cardin. Notre liberté d’expression et d’opinion doit se manifester ».
En cause, son éditorial dans le journal de la ville daté d’avril et mai 2021, pour rendre hommage à un ancien maire de la commune décédé en mars dernier, dans lequel il justifiait son refus de voir construite l’église de la Fraternité : « Ces valeurs sur lesquelles s’est construite la ville de Meylan sont bien différentes des messages extrémistes, intolérants et violents portés par la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X. »
À la lecture de ces lignes, la FSSPX a porté plainte en juillet 2021 et réclamé 135 000 € de dommages et intérêts. La Fraternité considère que le paragraphe porte atteinte à son honneur.
Le maire se défend : « Il y a une frange intégriste qui a décidé de se développer dans la commune. Je ne suis pas d’accord. Je l’exprime en tant que maire. Ce n’est pas de la diffamation. Ils doivent respecter ma liberté d’expression ». Citant l’exemple d’une conférence organisée il y a quelques années par la Fraternité - « Les droits de l’homme : comment et pourquoi les combattre » -, il estime que cette dernière « prône des valeurs non républicaines ».
La Fraternité est présente à Meylan depuis 1992 avec une école hors contrat et un prieuré. Elle souhaite construire une grande église de 650 mètres carrés, jouxtée d’un parking de 299 places. Contacté par la Croix, l’abbé Benoît de Jorna, actuel supérieur du district France de la Fraternité explique : « Le projet, c’est la construction d’une chapelle pour les fidèles qui rayonnent tout autour. »
Un permis de construire avait été validé en 2017 par la précédente municipalité, de droite. Il avait été attaqué en justice en 2018 par une association politique de gauche, MeyDIA. L’association critiquait notamment l’atteinte à un espace boisé classé au plan local d’urbanisme, l’insuffisance de stationnement pour les voitures et les vélos, mais aussi « la fraude sur les chiffres communiqués en termes de capacité d’accueil de 299 personnes », ce qui permettait à ses yeux de « contourner une réglementation plus contraignante, alors que l’examen des plans de l’église montre que la capacité est supérieure à 300 personnes… »
La Fraternité avait alors modifié son projet pour prendre en compte en partie le respect des règles d’urbanisme pointées par MeyDIA. Ce qui avait conduit cette dernière à déposer un second recours en annulation. Une demande rejetée en avril dernier par le tribunal administratif de Grenoble, selon lequel les différentes règles d’urbanismes invoquées par l’association n’étaient pas constituées.
MeyDIA a fait appel. Ironie de l’histoire, la nouvelle municipalité, proche de l’association et élue en 2020 ayant hérité du permis de construire délivré par l’ancienne équipe, se retrouve aujourd’hui sur les bancs du tribunal aux côtés de... la Fraternité. La date du jugement n’est pas encore connue."
Lire "Controverse autour de la construction d’une église de la Fraternité Saint-Pie-X à Meylan".
Voir aussi le dossier Meylan dans Mairies, départements, régions (note du CLR).
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