Revue de presse

"Conférence : Patrick Kessel et « les voleurs de laïcité »" (L’Alsace, 9 juin 13)

9 juin 2013

"Le journaliste et essayiste Patrick Kessel, président du Comité Laïcité République, ancien Grand Maître du Grand Orient de France, nommé par François Hollande à l’Observatoire de la laïcité, sera mercredi prochain à Mulhouse.

À l’invitation des Amis de Nicolas Koechlin, association mulhousienne engagée dans le combat laïque, Patrick Kessel donnera une conférence publique, précédée de la dédicace, à la librairie Bisey, de son dernier livre, Ils ont volé la laïcité (Jean-Claude Gawsewitch Éditeur), où il dénonce le détournement, par l’extrême-droite, d’un principe fondateur de la République.

Vous dénoncez un hold-up de l’extrême-droite sur la laïcité. Cette valeur fondatrice de la République serait donc la propriété… de qui ? Et pourquoi le FN ne défendrait-il pas la même cause que vous ?

Parce que la laïcité est l’enfant de la République et la citoyenneté, un ensemble d’individus qui, quels que soient leur couleur, leur origine, leur sexe, leurs convictions religieuses ou politiques, sont libres et égaux en droits. C’est un outil indispensable, au moment où le pays vit une déchirure sociale et culturelle avec la montée des communautarismes et face au retour de l’extrême-droite – on l’a vu ces derniers jours avec la violence de groupes de l’ultra-droite. Or, l’extrême-droite a toujours défendu le contraire, en étant proche d’une conception ethnique de la Nation, celle d’une France blanche, apostolique et romaine. Ce n’est pas elle qui peut se présenter comme défenseur de la laïcité.

« Braqueurs » de l’extrême-droite donc, pourfendeurs du mariage pour tous au nom d’un ordre divin, intégristes musulmans, ou gauche trop molle sur ses principes : y a-t-il une hiérarchie dans les ennemis de la laïcité ?

Si nous sommes dans une situation où l’extrême-droite a tenté un hold-up, ce n’est pas tombé du ciel, c’est parce que, depuis la Libération, la droite a mis en place une politique qui a mis la laïcité au reculoir – avec les lois Debré, Carle, les propos de Sarkozy à Latran – et parce qu’en grande partie, la gauche a témoigné d’une apathie coupable, en même temps que les défenseurs de la laïcité ont manqué de vigueur dans la défense de leurs principes : c’est parce que, depuis des années, la droite et la gauche n’ont pas fait leur boulot.

Les choses ont un peu changé depuis les élections, où on a vu un candidat dire qu’il mettrait la laïcité au cœur de la République : il y a des engagements qui ont ravi les associations laïques, mais le moment est venu de passer la laïcité en actes. Il y a déjà des signes positifs. Le temps est venu de concrétiser les autres, après, par exemple, la décision de la Cour de Cassation sur la crèche Baby Loup ( NDLR : qui a donné raison à une employée refusant de retirer son voile islamique ), un établissement recevant la petite enfance et dotée de subventions publiques, et sur le financement de l’école publique. Alors que Sarkozy avait encore étendu les aides au privé, il faut quand même rappeler que 600 communes de France n’ont toujours pas d’école publique.

Vous serez mercredi en terre concordataire, où les velléités d’inscrire la séparation des Églises et de l’État dans la Constitution ont suscité des levée de boucliers. Qu’en pensez-vous ?

J’avais plaidé pour. Les gens n’ont pas compris que le but n’était pas de revenir sur le Concordat. Il s’agissait seulement de faire en sorte que l’article 2, qui dit que « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte », soit respecté. Le Conseil constitutionnel vient de donner vigueur à « ne reconnaît » : il était en effet inconcevable qu’ici ou là, des préfets convoquent les représentants des cultes pour parler de tout. Reste le « ne subventionne pas » : il est inconcevable que des conseils généraux, ou communaux, subventionnent des associations culturelles, qui sont souvent les faux-nez d’associations cultuelles. Ici des militants anti-IVG, là des cours d’alphabétisation organisés par des néo-intégristes. Il y a la question du Concordat, avec la mobilisation de parlementaires du PS d’Alsace-Moselle pour faire ajouter un membre de phrase, qui dit tout et son contraire. Or, si la laïcité est universelle, elle ne peut accepter un droit à la différence débouchant sur la différence des droits.

C’est pourquoi, avec le comité Laïcité République et d’autres associations, nous sommes allés plusieurs fois en Alsace. Parce que, quand même, 60 millions d’euros versés par an aux ministres du culte, sur les impôts des Français, ce n’est pas rien : cela pose un problème d’égalité entre les départements. Sans compter que les musulmans n’en bénéficient pas : c’est un problème de fond. Nous avons proposé qu’on étudie les conditions d’une concertation, en vue d’une transition tranquille, sur plusieurs années, sans toucher au droit social des Alsaciens, mais en les faisant rentrer dans le droit commun et en revenant quand même, plus rapidement, sur l’enseignement religieux obligatoire et le blasphème, dont il faut rappeler qu’il est encore inscrit dans le droit local."

Lire "Patrick Kessel et « les voleurs de laïcité »".


"Y ALLER Conférence publique mercredi 12 juin à 18 h 15 à l’hôtel Mercure, place du Général-de-Gaulle à Mulhouse (entrée libre) ; dédicace à la libraire Bisey, place de La Réunion, à Mulhouse, de 17 h 15 à 18 h 15."


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