Revue de presse

"Concours enseignants : un sujet test qui inquiète" (Le Monde, 25 juin 24)

(Le Monde, 25 juin 24) 24 juin 2024

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Un projet d’épreuve pour les futurs professeurs des écoles suscite l’indignation des formateurs et des syndicats, qui le jugent d’une facilité incompatible avec les exigences du métier.

Par Eléa Pommiers

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Lire "Réforme des concours enseignants : inquiétudes sur une baisse de niveau après un « sujet 0 »"

[...] Aux nombreuses réserves et oppositions que suscite déjà ce projet s’ajoute ainsi, depuis le 4 juin, une crainte née de la divulgation du premier exemple de sujet pour le futur concours de recrutement de professeurs des écoles (CRPE). Ce « sujet 0 » doit traduire le nouveau format et calibrer les exigences des épreuves écrites, que les candidats ne passeront plus après avoir validé cinq années d’études (master 2), mais avant la fin de leur troisième année (licence 3).

Dans certaines disciplines, les exercices élaborés au ministère de l’Education nationale ont stupéfié les formateurs qui préparent aujourd’hui les étudiants au CRPE ainsi que plusieurs représentants syndicaux, au point que plusieurs confient avoir cru à un « canular ». C’est notamment le cas en mathématiques ou en histoire-géographie, où les questions consistant à classer des nombres par ordre croissant ou des événements par ordre chronologique (sans les dater), ainsi que celles sous forme de questionnaires à choix multiples, ont interpellé par leur apparente facilité. L’indignation naît cependant moins du niveau de connaissances requis que du format des exercices.

« L’actuel CRPE s’appuie sur des notions exigées au brevet, mais on demande aux étudiants de faire preuve de davantage de recul, de chercher, de conduire des raisonnements, explique Laure Etevez, formatrice en mathématiques à l’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation (Inspé) Centre-Val de Loire. Là, il n’y a que de l’application directe, des questions très mécaniques, presque pas de rédaction. » Selon cette professeure, qui se dit « affligée », l’épreuve proposée n’est ainsi « même pas du niveau brevet », et le positionnement du concours deux ans plus tôt ne peut constituer une explication suffisante : « Après un bac + 3, on peut quand même espérer que des étudiants fassent plus que ça ! »

Même sentiment sur l’histoire-géographie, incluse dans une épreuve de polyvalence où sont évaluées quatre autres disciplines (arts, éducation physique et sportive, sciences et technologies, et langues). Les exercices proposés consistent essentiellement à donner des définitions, et la principale question supposant un développement attend une réponse de « 5 lignes ». « Le décalage est énorme entre l’ambition qu’on prête à cet enseignement, qui doit participer à la formation d’un citoyen éclairé, et cette épreuve qui consiste juste à vérifier que le candidat maîtrise un savoir minimal sans aucune rédaction », déplore Marie Boulogne, formatrice à l’Inspé d’Amiens, pour qui cette épreuve ne cherche pas à garantir « l’autonomie intellectuelle » des futurs enseignants. [...]

L’émoi suscité par ce « sujet 0 » est d’autant plus notable que le positionnement du concours de professeur des écoles à bac + 3 ne souffre aucune contestation parmi les représentants de la profession, qui plaident tous depuis des années pour cette disposition. A une condition toutefois : que les épreuves de recrutement conservent leur exigence. « L’objectif premier du gouvernement est d’attirer les candidats parce que c’est une urgence, mais ce n’est pas parce qu’on passe le concours en licence qu’on doit abaisser le niveau », s’insurge Guislaine David, à la tête du premier syndicat du primaire, le Snuipp-FSU.

Pour elle, « les “sujets 0” dénotent une vision du professeur du premier degré qui est complètement erronée ». L’image d’un corps d’enseignants dont le travail serait plus « facile » que celui de leurs homologues du second degré, et à qui il suffirait « d’appliquer les bonnes consignes selon les bonnes méthodes établies par des programmes officiels détaillés ». [...]"


Voir aussi dans la Revue de presse le dossier Elèves enseignants dans Ecole, dans les Documents Le sujet type du concours de recrutement de professeurs des écoles (juin 24) (note de la rédaction CLR).


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