Laurence de Charette, directeur de la rédaction du site du "Figaro". 13 octobre 2020
[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"Rien n’est nouveau, et pourtant tout a changé. Aucun des maux auxquels l’école est actuellement confrontée ne date d’aujourd’hui, ni même d’hier. Mais ils l’ont désormais envahie, et parfois asservie.
Il y a plus de quinze ans, Jean-Pierre Obin rédigeait, avec un petit groupe d’inspecteurs généraux majoritairement de gauche, un rapport alarmant sur ce que l’on n’appelait pas encore le communautarisme à l’école. Régression de la condition féminine, poussée de l’antisémitisme, sentiment d’appartenance à une « nation musulmane » opposée à la nation française, et, en face, premiers renoncements des chefs d’établissement… Tout y figuraitdéjà.
Déjà les experts pointaient du doigt l’héroïsation des chefs djihadistes et la difficulté à faire respecter, dans certains établissements, un instant de recueillement en hommage aux victimes des attentats de New York et de Madrid - préfigurant ainsi les inacceptables perturbations des commémorations de Charlie Hebdo.
Mais, déjà, ils dérangeaient les bonnes consciences.
En 2020, Obin a repris la plume. Pressions des parents et des imams, obsessions sur la question de l’alimentation, refus de la mixité, contestations systématiques de certains enseignements… Nombreux sont ceux qui, maintenant, s’alarment avec lui de la dérive séparatiste à l’œuvre dans trop d’établissements. Qu’avons-nous donc fait de ces quinze années ?
Si l’islamisme a pu pénétrer l’école, ce sanctuaire qui devait être consacré à la croissance des esprits et à l’émancipation des personnalités, c’est qu’il s’est nourri de nos aveuglements et de nos démissions successives -chaque recul ouvrant irrémédiablement la porte au suivant. Il s’est alimenté aussi de la confusion des idées et d’une sorte de laïcisme, parfois revanchard, abreuvé de relativisme comme du déni de l’offensive islamiste mondiale.
L’enjeu dépasse la simple question de la « laïcité » : il s’agit, selon les mots de Jean-Michel Blanquer, de protéger l’école d’« un modèle de société qui n’est pas le nôtre ». Il n’est pas dit que l’offensive contre l’instruction privée en soit la clé…"
Voir aussi dans la Revue de presse le dossier "L’école à la peine pour faire respecter la laïcité" (Le Figaro, 13 oct. 20) (note du CLR).
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