Natacha Polony, journaliste, essayiste, directrice de la rédaction de "Marianne". 3 septembre 2022
[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"[...] La question qui se pose finalement à tous les Français, qu’ils le soient depuis plusieurs générations ou parce que leurs parents se sont intégrés, en faisant le choix de construire leur avenir ici et pas ailleurs, est celle-ci : que veut dire être français ? Et c’est la question qui se pose face à une immigration dont tous savent qu’elle ne relève pas de quelques vagues, au gré des tensions internationales, mais qu’elle est désormais liée au dérèglement climatique, à la démographie mondiale et à l’évolution des modes de transport et de communication. Mais, à l’heure des mouvements mondiaux, pourquoi ne pas considérer qu’on appartient au lieu où l’on se trouve et que c’est donc là qu’on exerce ses droits, à égalité avec ceux qui partagent ce lieu ? Après tout, plus aucun politique ne sait clairement définir ces notions de nation et de citoyenneté.
On s’est habitué il y a déjà longtemps à une conception minimale de la citoyenneté. On est français, on a le droit de vote, point. Et c’est à peu près tout. Le reste n’est qu’affaire de générosité et d’« ouverture à l’autre ». Pis, toute forme de distinction serait assimilable à une discrimination. En fait, c’est la notion de communauté politique, indissociable de l’idée démocratique, qui sombre dans les oubliettes de l’Histoire. Le principe est pourtant celui-ci : une démocratie, ce sont des hommes assemblés qui décident en commun de leur destin. Ils forment une communauté politique en ce qu’ils adhèrent à des principes et à des valeurs qui leur permettent de se sentir appartenir à cette communauté, seule condition pour que, même minoritaires sur telle ou telle décision, ils acceptent le fait majoritaire. Le « peuple », au sens du dêmos c’est cette entité politique et historique formée non pas par des individus mais par des citoyens, en tant qu’ils participent à la délibération, à la recherche et la défense du bien commun. Le vote est donc un acte directement lié à cette appartenance. Et la nationalité en est la manifestation juridique. Vider de son sens nationalité et citoyenneté revient donc à affaiblir la démocratie en réduisant les individus à des consommateurs acquérant des droits à partir du moment où ils remplissent leurs obligations et paient des impôts. La République réduite à un syndic d’immeuble. [...]"
Lire "Vote des étrangers, droit du sol, Mayotte… Comment on brade la citoyenneté française".
Voir aussi dans la Revue de presse les rubriques Attribution de la nationalité, Immigration, Mayotte ;
le communiqué du CLR Droit de vote des étrangers aux élections locales : une idée globalement négative (28 nov. 11), les colloques "Identité nationale et citoyenneté républicaine" (CLR, Licra, 17 nov. 07), Colloque "L’identité républicaine" (Paris, 9 déc. 17) (note du CLR).
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