3 février 2022
[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"Le président engrange des soutiens de figures laïques… qui pourraient se constituer en un courant de la prochaine majorité ?
[...] Dans le long message qu’Emmanuel Macron adresse alors à Zineb El Rhazoui, il invoque la nécessité. « Il me dit en substance : “N’y voyez aucun mépris de ma part, je suis président de la République, je dois ménager tout le monde.” C’est comme ça qu’on a commencé à échanger », se souvient la militante laïque. Elle sera reçue à l’Élysée quelques semaines plus tard et repartira avec la garantie que la loi de 1905 ne sera pas réformée. « Il a tenu parole. Je l’ai vu changer à 180 degrés sur les questions de laïcité et d’islamisme », raconte-t-elle. [...]
Depuis qu’une partie de la gauche considère la laïcité comme un racisme institutionnel, Emmanuel Macron, comme Valérie Pécresse d’ailleurs, cherche à s’attirer les faveurs de millions d’électeurs orphelins d’une gauche sociale-démocrate, proeuropéenne et républicaine… Les deux rivaux courtisent tout ce qui est estampillé « laïque », mais la majorité présidentielle semble avoir sur ce point une petite longueur d’avance, due en partie au dialogue soutenu entre les milieux laïques et des ministres comme Jean-Michel Blanquer ou Marlène Schiappa. « Il y a en ce moment un petit jeu du chat et de la souris entre la macronie et les laïques », reconnaît un conseiller de cabinet ministériel, « ça se dragouille gentiment, mais difficile de savoir qui a, le premier, mis la main aux fesses de l’autre », explique-t-il. Consentement mutuel et désir partagé donc… [...]
Tous les milieux laïques ne sont pas convertis au macronisme, même si beaucoup ont changé d’avis sur le président de la République, notamment depuis l’adoption de la loi de renforcement des principes républicains. Pour Philippe Foussier, ancien grand maître du Grand Orient de France et ancien président du Comité Laïcité République, rien ne présageait des regards enamourés entre la macronie et la maçonnerie : « Bon nombre d’entre nous étaient perplexes après le discours des Bernardins devant la Conférence des évêques de France en avril 2018 », reconnaît le franc-maçon. [...]
Cette tectonique des plaques politiques irrite, dans la majorité comme dans les milieux laïques. « La macronie drague des gens médiatisés, mais ce n’est que du laïque-washing », balaye Fatiha Agag-Boudjahlat, essayiste et ancienne secrétaire nationale du Mouvement républicain et citoyen (MRC) chevènementiste. Il ne faut pas s’attendre à une union sacrée des laïques, esquissée après les attentats de 2015. La disparition d’ennemis fédérateurs – comme l’Observatoire de la laïcité – laisse un vide où prospèrent les désaccords politiques. L’irruption d’Éric Zemmour dans la campagne achève de polariser les débats… Sur ces clivages politiques viennent se superposer des combats d’ego qui brouillent un peu plus les cartes. « Il est devenu quasiment impossible de faire cohabiter sur la même boucle WhatsApp des laïques censés défendre les mêmes idées, mais fâchés à vie pour de vieilles histoires de leadership », raconte un observateur de la macronie qui tente – non sans difficultés – de faire dialoguer des laïques de diverses sensibilités politiques. À se demander si parfois, les principaux ennemis des laïques ne sont pas les laïques eux-mêmes…"
Voir aussi dans la Revue de presse "Du Printemps républicain à Zineb El Rhazoui : des laïques bientôt députés pro-Macron ?" (marianne.net , 20 jan. 22) dans la rubrique Emmanuel Macron (note du CLR).
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