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Clip raciste anti-Blanc du rappeur Nick Conrad : le racialisme est antisocial et réactionnaire ! (G. Chevrier, 27 sep. 18)

par Guylain Chevrier, docteur en histoire, enseignant et formateur en travail social, vice-président du Comité Laïcité République. 27 septembre 2018

Hier, la diffusion sur You Tube d’un clip du rappeur Nick Conrad, "PLB" pour "Pendez les Blancs", a créé une réaction en chaîne au regard des paroles de la chanson et des images l’accompagnant. Il chante :

"Je rentre dans des crèches, je tue des bébés blancs, attrapez-les vite et pendez leurs parents, écartelez-les pour passer le temps, divertir les enfants noirs de tout âge petits et grands. Fouettez-les fort faites-le franchement, que ça pue la mort que ça pisse le sang."

Tel que le rapporte RTL, on voit dans le clip un personnage blanc torturé par le rappeur et une autre personne. Ils lui font mordre le trottoir pour ensuite écraser sa tête avec un grand coup de pied derrière le crâne. Une scène qui fait référence au film "American History X", avec l’acteur Edward Norton, sur les néonazis aux Etats-Unis qui font subir la même chose à un Noir. Une citation de Malcom X apparaît :

"Le prix pour faire que les autres respectent vos droits humains est la mort."

On se remémorera d’ailleurs que Malcom X, référence importante parmi les jeunes de quartier, présenté comme un antiraciste, était pour un Etat noir musulman séparé aux Etats-Unis. Le rappeur se justifie en expliquant qu’il a simplement voulu inverser le racisme anti-Noir, afin de faire prendre conscience de ce que vivent ces personnes dans notre société. Evidemment en France on pend les noirs parce qu’ils sont noirs, et on assassine les bébés dans les crèches réservées aux noirs… Ce qui est révélateur du problème de ce type de rappeur et de ceux qui tiennent ce discours, qui vient plaquer le racisme américain des communautés, hérité d’un racisme d’Etat et de l’esclave, en se victimisant au regard d’une France qui n’a jamais connu sur son territoire ce genre de choses. Le droit du sol date de la première Constitution de la France juste après la Révolution de 1789, et la République a aboli l’esclave à la suite de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Rétablie par Napoléon, elle est définitivement abolie avec la Seconde République, en 1848. L’esclave n’ayant existé que dans certaines possessions françaises d’outre-mer. Ni racisme d’Etat ni esclavage n’ont eu droit de citer sous le drapeau de la République, jusqu’à ce que ce dernier soit reconnu comme crime contre l’humanité par elle.

La vidéo de la chanson, initialement publiée le 17 septembre, a depuis été supprimée sur YouTube "car elle ne respectait pas le règlement de la plateforme concernant les contenus incitant à la haine". Le parquet de Paris annonce l’ouverture d’une enquête. Toute la classe politique a réagi pour condamner, à différents degrés, cela. La Licra a condamné ce clip avec force et saisi la justice.

Un débat sur BFM TV qui relativise les réactions d’indignation à ce clip

Sur BFM TV, on s’est emparé du sujet pour expliquer des choses tout de même curieuses, le fond de son traitement se faisant sur le thème « « Pourquoi la classe politique s’est-elle engouffrée dans cette affaire… » Un court montage vidéo introduit le débat, où, pour justifier l’angle de traitement choisi on laisse entendre ne pas comprendre tout ce remue-ménage puisque le clip en question n’aurait été vu que par « quelques dizaines de personnes… » Faux, le journaliste désinforme en minorisant les choses pour justifier l’accroche, ce sont 4000 vues qui ont été comptabilisées avant que You Tube ne retire le clip. Autrement dit, s’il n’avait pas été dénoncé, pour qu’il soit retiré, on en serait sans doute à des dizaines de milliers de vues à présent sinon plus. Pour appuyer dans le sens d’une hystérie collective au regard des réaction à ce clip, on avance que cette dénonciation aurait été au départ le fait de l’extrême droite. Un traitement qui cherche par amalgame avec l’extrême droite à déconsidérer ces réactions légitimes de la classe politique, mais aussi relativiste, qui pose beaucoup de questions sur la façon dont les médias traitent ce type de sujet, alors qu’ils n’hésitent pas à en faire des tonnes sur le thème des discriminations.

Sur le plateau, Anastasia Colosimo, enseignante en théologie politique de la nouvelle génération de Sciences po, dit « c’est de très mauvais gout », pour considérer qu’il y a hystérie à travers cette façon générale de réagir de la part de la classe politique, s’étonnant avec facétie, que « le pays s’arrête de bouger pour cela », ce qui relèverait d’une tendance à « la règle de l’indignation permanente ». Cela finalement ne servirait qu’à faire de la publicité au rappeur, « c’est un jeune rappeur qui a voulu faire du buzz… » Mais cette incitation à la haine raciale contre les blancs, ne comprend-t-elle pas des risques gravissimes au regard de l’état d’une partie de notre société, et donc qu’il faut absolument dénoncer ? N’y a-t-il pas un racisme anti-Blanc déjà promu par les Indigènes de la République, qui développent une action racialiste avec des réunions interdites aux blancs, qui incitent à la haine raciale invitant à ce genre d’excès ? Nous ne sommes pas dans une configuration d’un coup de tonnerre dans un ciel serein. Si on prend en compte ce qu’a traversé la France avec la crise des banlieues et les violences urbaines de novembre-décembre 2005, avec régulièrement des violences dans certains quartiers de banlieues qui répètent cela à l’échelle locale montrant un potentiel de violence inquiétant, comme à Nantes récemment, un rap anti-France s’y répandre à l’image des textes de Booba ou de Médine, le développement de la radicalisation religieuse qui concerne des dizaines de milliers de jeunes dans les quartiers, ceci alors que la France a été l’objet d’attentats qui ont tué à plusieurs reprises avec de nombreux attentats déjoués sur fond de haine anti-France, on ne peut négliger cela. Au contraire, il faut réagir fortement, pour stopper cette démarche racialiste dont la figure d’une Rokhaya Diallo est la référence médiatique, présente sur des dizaines de plateaux de télé pour expliquer que notre pays est un Etat raciste, encourageant sans nuance cette haine.

Des associations antiracistes qui font un dangereux procès en racisme de la France

Louis-Georges Tin, président d’honneur du CRAN, Conseil représentatif des associations noires de France, s’il condamne le rappeur, enchaîne pour dire qu’il n’y a pas de discrimination anti-Blanc en France, mais des millions de non-blancs qui eux connaissent des discriminations et qu’il faudrait donc s’intéresser, au-delà de ces propos qui relèvent d’une « idéologie », à des « actes racistes authentiques »… Il parle de « crime contre l’humanité » de la France (par référence au colonialisme dont il défend régulièrement la thèse) pour la mettre à son tour en situation de procès en racisme, apportant sa contribution pour justifier indirectement le climat dangereux qui encourage ce type de discours anti-Blanc.

Rappelons quelques éléments de la réalité au regard de ces propos inconsidérés : 1500 plaintes arrivent sur ce thème des discriminations et du racisme devant les tribunaux ; Le Défenseur des droits, dans son dernier rapport (2017), parle de 80 saisines mettant en cause des discriminations à l’embauche fondées sur l’origine, la première étant celle au titre du handicap, 21,8% de ces saisines ; La Commission nationale consultative des droits de l’Homme constatait, selon le baromètre de Science po pour l’année 2016 que, malgré les attentats, la tendance allait dans le sens d’une France de plus en plus tolérante vis-à-vis des étrangers, contre les idées reçues. Même en multipliant par cent le nombre de ces plaintes, donc 150.000, si on veut considérer que des discriminations ne peuvent toujours être juridiquement établies, on en reste à un chiffre d’un ordre de grandeur pour un pays de 67 millions d’habitants comme le nôtre, qui n’a rien à voir avec les affirmations de Monsieur Tin. Rappelons aussi à ce monsieur qu’il existe bien des discriminations qui touchent les personnes blanches, dans certains quartiers qui deviennent invivables et exsangues de toutes mixité sociale en raison de ce climat d’affrontement. Mais aussi, qu’il y a des camps, séminaires et réunions, dé-coloniaux interdits aux blancs, organisés par une série d’associations et de groupes racialisés. Il y a même eu, pour la sortie du film « Black Panther » à Paris, le 17 février dernier, une projection réservée uniquement aux personnes noires organisée par un collectif dit « afro-féministe ». S’il est question de n’accepter aucune discrimination dont la moindre doit être combattue sans concession, nous avons affaire là à un discours de victimisation qui est un véritable fonds de commerce de certaines associations se définissant comme antiracistes, qui contribue à un climat délétère dans le contexte duquel tout peut arriver.

Dominique Sopo, Président d’SOS racisme, explique lui aussi qu’il faut condamner les propos tenus dans la chanson du rappeur, mais tient un discours de victimisation très proche de Monsieur Tin. Il prend d’ailleurs un exemple, en reflet de ce que dit le rappeur sur le fait d’avoir voulu avec ce clip inverser la situation de racisme que connaîtraient les personnes noirs ou arabes en France, pour expliquer qu’SOS racisme avait fait une expérience avec un artiste pour illustrer les discriminations dont seraient victimes les non-blancs en France. Tenant une initiative au Palais de Tokyo, l’association avait fait deux files d’attente pour y entrer, une libre pour les noirs et les arabes et une infranchissable quasiment pour les blancs, pour leur faire vivre ce que vivraient les victimes des discriminations en France. Et donc, en laissant entendre que l’on connaîtrait ce genre de situation dans notre pays où on séparerait ainsi en files distinctes selon l’origine ou la couleur des gens à l’entrée de certains lieux. Drôle de façon de contribuer au combat antiraciste que d’encourager ainsi le risque d’un racisme anti-France ou anti-Blanc, par ces méthodes de provocation et propos qui défigurent la réalité.

Promouvoir Liberté-Egalité-Fraternité, pour déjouer ce piège

Nous sommes bien au cœur du débat. Ce type de discours encourage à penser la France peut être ramenée au modèle américain multiculturel qui est le résultat d’une histoire où racisme et Etat ont été étroitement mêlés, ce qui n’a rien à voir avec la France, mais c’est pour certaines associations le levier de revendications qui portent la volonté de séparation selon les différences. Ce que l’on veut, c’est imposer une vision racialiste à notre société, promouvoir le multiculturalisme comme projet politique, et avec lui, un moyen de pression pour aboutir à la reconnaissance juridique de règles culturelles ou religieuses (discrimination positive) qui sont à l’opposé des libertés et des droits propres à notre République, désignée comme l’ennemi.

Le racisme n’a pas de visage ou de couleur, c’est un des pires dangers pour la démocratie et les libertés de tous, pour notre lien social, d’où qu’il vienne. Liberté-Egalité-Fraternité, il n’y a rien de plus beau et de meilleure réponse à cela. Si nous sommes libres, c’est parce que nous sommes égaux, et si nous sommes égaux, nous pouvons fraterniser et nous mélanger, au lieu de nous séparer en faisant retour aux tribus et à la notion détestable de races. Promouvoir les valeurs et principes de notre République est sans doute le meilleur des antidotes pour déjouer ce piège qui divise le peuple, et l’expose à l’affaiblissement des forces sociales qui le composent, au risque de rendre impossible les mobilisations sans lesquelles les conquêtes sociales passées et les progrès à venir, se trouveraient gravement compromis. Le multiculturalisme et le racialisme sont indubitablement réactionnaires !

Guylain Chevrier


Voir aussi la rubrique Quel niveau d’intolérance en France ? (note du CLR).


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