(Le Figaro, 31 juil. 23) 31 juillet 2023
[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"[...] À bien y regarder, le sens premier de civilisation ne désigne rien de plus qu’un « processus d’entrée de l’humanité dans une structure politique incarnée par des institutions, la constitution d’un État de droit avec ses lois, ses tribunaux, etc., analyse Roger-Pol Droit. C’est au fond, un processus global d’atténuation des violences qui préexistent dans l’état de nature. Ce processus est évolutif mais peut aussi connaître des régressions. » En ce sens, le concept de décivilisation y fait directement écho.
Mais voilà, cette définition première de la notion avant tout normative de civilisation a peu à peu été masquée par l’émergence, au XIXe siècle, d’un sens purement descriptif : « On a commencé à parler “des” civilisations, poursuit Roger-Pol Droit. Dans un sens culturel, ethnographique, à l’instar de ce que les Allemands nomment “Kultur”, c’est-à-dire l’ensemble des traits linguistiques, économiques et moraux d’une société, dans ses multiples aspects matériels et spirituels. L’enjeu philosophique et politique actuel est bien de travailler à concilier ces deux versants de la notion de civilisation, à la fois mouvement d’ensemble unique vers moins d’affrontements et plus de libertés, et modalités diverses d’existence humaine. »
Avec ce pluriel, naît le risque, affirme le député socialiste Arthur Delaporte, d’« essentialiser » la civilisation. « On est sur un repli identitaire où l’on oppose les cultures les unes aux autres : Emmanuel Macron a donné du crédit à cette idée portée par la droite et l’extrême droite, et c’est extrêmement grave », poursuit l’élu qui rechigne à employer ce concept. « Le politique doit s’en emparer, maintient en retour l’eurodéputé LR et philosophe, François-Xavier Bellamy. Renoncer à assumer une civilisation revient à rendre impossible la vie civique. » Plus profondément, poursuit-il, « c’est elle qui donne naissance aux cultures. » « Et je suis effaré d’entendre Emmanuel Macron dire qu’il n’existe pas “une culture française”. C’est le symptôme d’un mal profond et typiquement occidental : il existe une civilisation européenne de laquelle vient une pluralité de cultures, de représentations du monde, de langues… Et il faudrait que nous refusions de le reconnaître ? », peste-t-il. [...]"
Voir aussi dans la Revue de presse les dossiers Le Figaro "Mots à maux" (juil.-août 23) dans la rubrique Langue française, "Décivilisation", L’Archipel français, de Jérôme Fourquet (Seuil, 2019) (note de la rédaction CLR).
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