Revue de presse

"Citoyennes et citoyens pour l’éducation nationale" (G. Raveaud, Charlie Hebdo, 29 mai 24)

(G. Raveaud, Charlie Hebdo, 29 mai 24) 1er juin 2024

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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Lire "Citoyennes et citoyens pour l’éducation nationale".

"[...] L’État sous Macron mène un projet à la fois banal et terrifiant de destruction de l’éducation de la jeunesse du pays. C’est d’ailleurs trop facile : il lui suffit de ne rien faire, de laisser la rémunération des enseignants devenir grotesque, de les assurer de l’absence totale de soutien de leur hiérarchie en cas de problème, de ne surtout pas surveiller les élèves indisciplinés, et encore moins de les punir, bref, de laisser prospérer la chienlit si bien décrite par le clip parodique des Inconnus en… 1993.

De plus, l’État soutient activement le déploiement d’une offre d’éducation privée, notamment en créant de toutes pièces un diplôme bidon, le bachelor, délivré par des écoles bidon, mais aux frais de scolarité bien réels. Les enfants de techniciens, de routiers, de coiffeuses ou de secrétaires, mal informés des subtilités de l’enseignement supérieur, s’y inscrivent en masse ? Paient cher pour presque rien ? Il arrive que leur école fasse faillite en cours de route ? Tout le monde s’en fout, et du côté des bourgeois cultivés, c’est la fuite vers le privé. Articles et ouvrages fleurissent à propos de cette nouvelle « ségrégation scolaire », terme invraisemblable déjà devenu courant.

Alors, que nous reste-t-il, à nous les citoyennes et les citoyens attachés à l’idée d’une éducation nationale ? La justice. Comme dans le domaine environnemental, la politique n’a plus aucun pouvoir progressiste, puisque ces connes et cons de Français votent mal. Le pouvoir ne sait que détruire. Restent alors les juges pour nous protéger de lui.

Le 10 avril dernier, l’État a ainsi été condamné par le tribunal administratif de Cergy-Pontoise pour « carence dans l’organisation du service public de l’enseignement », en raison des très nombreuses heures de cours perdues de façon irréversible par des collégiens. L’État a dû indemniser les familles, à une hauteur certes ridicule (de 20 à 250 euros), et leur rembourser 800 euros de frais de justice. Selon Patrice Furé, président de la FCPE des Hauts-de-Seine, chaque famille doit porter plainte, et vite : vous êtes sûrs de gagner, les amis !

Comme il l’explique dans Le Parisien du 17 mai 2024, « à ­l’audience, le rectorat de Versailles n’a même pas cherché à remettre en cause le nombre d’heures perdues ». L’attitude de l’État est tellement minable que les mecs n’osent pas la ramener. Il faut dire que l’on parle de collégiens qui ont perdu une heure de cours sur quatre. C’est pas à Stanislas que ça arriverait…

Et donc, le message de l’ami Patrice aux familles est : « ­Allez-y, vous êtes sûres de gagner. » Pour une classe de 25 élèves, la facture pourrait s’élever à 25 000 euros pour l’État. Et donc, dans un collège de 20 classes, atteindre, si chaque parent porte plainte, des centaines de milliers d’euros, à payer par la puissance publique. Noyé sous les procédures, l’État finirait peut-être par enfin faire son boulot et embaucher des profs (et les payer pour de vrai)."


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