Communiqué du Comité Laïcité République

Charlie Hebdo : lever les confusions (8 jan. 15)

8 janvier 2015

Le rassemblement silencieux, digne, émouvant de dizaines de milliers de citoyens à travers le pays pour dire leur horreur après l’attentat barbare contre Charlie Hebdo est rassurant. Cette foule immense de citoyens, parmi lesquels beaucoup de jeunes, disait aussi sa volonté de poursuivre un combat pour la liberté de conscience, l’égalité des droits entre tous, la laïcité dont Charlie Hebdo, dans son style, s’était fait le héraut.

L’indignation générale a envahi les médias. C’est une saine réaction. Elle ne saurait faire oublier que nos amis de Charlie sont morts pour avoir désigné clairement ceux, religieux et politiques, qui portent l’étendard de la haine et de l’obscurantisme. Et que parmi les voix qui s’élèvent aujourd’hui pour dénoncer le crime, certaines furent bien discrètes lorsqu’ils subirent les menaces intégristes après leurs homologues danois. 

Charlie avait tort d’avoir raison trop tôt. Certaines vérités ne doivent pas être dites, pas mêmes dessinées, sous peine, comme chantait le poète, d’être exécuté. Quitte à se réfugier dans le déni qui ne veut voir la montée des différencialismes et des violences.

Des « idiots utiles » à la barbarie intégriste. Ils se sont autrefois exprimés pour dire que Charlie Hebdo ne devrait pas publier ces caricatures qui fustigeaient en fait l’intolérance et la bêtise plutôt que la foi. Communautaristes, faiseurs d’opinion bien-pensants, toujours prompts à imaginer de l’ « islamophobie » ou de la « christianophobie » dans la critique des intégrismes, se retrouvaient pour faire rentrer Charlie Hebdo dans le rang.

Nouvelle version de l’arroseur arrosé : Charlie se voyait traité d’intolérant voire de raciste, et les obscurantistes, partisans de la burqa ou hostiles au mariage pour tous, passaient pour d’injustes victimes d’une laïcité sectaire ! En réalité, il ne s’agissait pas moins que de rétablir le délit de blasphème dans le pays de Voltaire et de Diderot ! Les barbares, à qui ils ont préparé le terrain, peuvent se féliciter de si précieux soutiens.

Charb, le directeur de Charlie Hebdo, dénonçait cette dérive qui, avec les meilleures intentions du monde, fait le lit des communautarismes, des tribus, des antagonismes et parfois des haines. La lutte contre le racisme ne passe pas par l’enfermement dans les origines mais par le déploiement de l’universalisme, par la concrétisation de la citoyenneté et donc par la laïcité.

C’est donc tout naturellement qu’il fut en 2012 le président du Jury du Prix de la laïcité que le Comité Laïcité République décerne chaque année à l’occasion d’une importante cérémonie à la Mairie de Paris. Qu’il déclarait que la complaisance, l’indulgence vis-à-vis des intégrismes religieux n’ont que trop duré. Et s’indignait de la frilosité de certains laïques. « J’ai moins peur des intégristes religieux que des laïques qui se taisent », disait-il dans son discours à cette occasion.

Au lendemain de cet attentat barbare qui résonne symboliquement comme l’assassinat de Jaurès, le Comité Laïcité République s’associe pleinement aux appels à l’union nationale dès lors qu’ils visent à rassembler toutes les citoyennes et tous les citoyens quelles que soient leurs origines, leur couleur, leurs appartenances philosophiques, politiques ou religieuses, autour des principes qui fondent la République, la liberté de conscience, l’égalité des droits et des devoirs, la laïcité.

Plus que jamais, lever les confusions s’impose comme une mesure de salubrité intellectuelle indispensable à la démocratie.

Les amis de Charlie ont pris rang aux côtés de Calas, du Chevalier de la Barre, d’Etienne Dolet, héros symboliques du combat pour nos libertés. Notre solidarité à leur égard est totale, intégrale, sans aucune réserve.

Comité Laïcité République
le 8 janvier 2015
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