Note de lecture

Ch. Taubira : 480 pages d’ennui (G. Durand)

par Gérard Durand. 28 septembre 2020

Christiane Taubira, Gran Balan, éd. Plon, 2020, 480 p., 17,90 e.

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Il est toujours risqué d’acheter un livre sur le seul nom de son auteur. J’ai pourtant fait entorse à cette règle en cédant à la tentation pour le livre de Christiane Taubira que l’on me présentait comme son premier roman. Curiosité sans doute mais punition immédiate à la lecture de ces 360 pages. Si l’on considère qu’un roman est une façon de raconter une histoire, ce livre n’a rien d’un roman. Dommage, car il n’a rien non plus d’un essai.

Comme il faut bien une justification, l’ouvrage commence par le récit d’un procès. Un homme est accusé d’avoir été taxi clandestin et perçu à ce titre 15 euros. L’affaire est grave car il est salarié, perçoit donc un salaire et « n’avait pas besoin » de ces 15 e. L’impatience du lecteur est à son comble, quand le récit s’arrête dès la page 26. Il faudra attendre plus de 280 pages pour qu’il se poursuive.

C’est au long de ces pages que vous découvrez ce qu’est l’ennui. Elles sont je l’imagine destinées à vous faire connaitre les problèmes de la jeunesse guyanaise avec l’ambiance de ce département. Description interminable du carnaval ou l’on vous assène la description des troupes, des rues empruntées, sans oublier les paroles de chansons, évidemment en créole, qu’un continental aussi ignare que moi est bien incapable de comprendre. C’est le récit d’une visite, le long du fleuve Maroni, dans un centre pour adolescents, du lever au coucher. Celui d’une excursion au Surinam alors que le dernier Indien vient d’y être tué. Le tout fortement appuyé de dialogues entre des personnages dont on ne sait pas bien qui ils sont ni pourquoi ils ont été choisis parmi d’autres. Le rapport avec le procès, aucun ; le rapport avec les conditions de vie en Guyane, celui de l’anecdote. Vous pouvez tourner les pages si c’est cela que vous attendiez.

Mais, après ce long pensum, vous revenez au procès, ce qui vous permet de comprendre pourquoi ces 15 e., plus rien ne vous est caché, ni la description des avocats, ni celle de la salle, ni le public. Par contre vous n’aurez pas droit au verdict car le livre se termine au moment ou il va être prononcé.

Il parait que, face à un mauvais livre, un critique se doit de rester silencieux et garder sa plume pour aider à la vente des bons livres. J’ai pourtant décidé d’écrire cette note en raison de l’identité de son auteure. Madame Taubira ne manquera pas de bénéficier, et cela a déjà commencé, de la promotion que le système médiatique réserve aux personnes de forte notoriété. Ma critique ne concerne en rien sa personnalité, elle permettra peut-être aux lecteurs d’économiser 17,90 euros.

Gérard Durand


Voir aussi Notes de lecture dans la rubrique Culture (note du CLR).


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