Note de lecture

Ch. Gérondeau : diesel, un plaidoyer pour une cause perdue (G. Durand)

par Gérard Durand. 1er février 2020

[Les échos "Culture (Lire, entendre & voir)" sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Christian Gerondeau, Oui, vous pouvez acheter un diesel ! L’Artilleur (poche), 2019, 227 p., 12 e.

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Fournir en énergie une dizaine de milliards d’habitants est l’un des grands problèmes que l’humanité devra résoudre dans les décennies à venir et c’est dès maintenant qu’il nous faut prévoir comment il sera possible de se chauffer, de se déplacer, de produire et de disposer des forces nécessaires à nos activités.

Nous savons avec certitude être entrés dans une phase de réchauffement de la planète mais les avis divergent tant sur les causes de ce phénomène que sur les moyens d’y faire face. Alors que beaucoup mettent en accusation l’activité humaine, d’autres s’en défendent et parlent d’un processus naturel contre lequel l’homme de peut rien d’autre que d’inventer les manières de se mettre à l’abri. Les derniers vont jusqu’à nier le réchauffement du climat en l’intégrant dans un cycle planétaire normal et déjà connu par le passé. Il est intéressant de lire leurs arguments.

Christian Gérondeau est de ceux-là. Ingénieur polytechnicien, il a produit de nombreux ouvrages sur les questions environnementales, il est très intéressé par le milieu automobile et a présidé l’association des Automobile clubs français. La lecture de ce dernier livre est d’actualité car elle permet de suivre le raisonnement de fond de ceux que l’on appelle « les climato-sceptiques ». Les thèses avancées sont claires mais parfois fort éloignées d’un raisonnement scientifique.

Pour l’auteur, les seules forces capables d’améliorer notre qualité de vie, à commencer par l’air que l’on respire, sont les plus décriées, à savoir les industries du pétrole et de l’automobile. Elles ont déjà commencé à le faire en améliorant sans cesse leurs motorisations et en réduisant de près de 90% les rejets nocifs, prenant exemple sur Paris ou les mesures d’Airparif démontrent que des polluants importants, dioxyde de souffre, plomb ou monoxyde de carbone ont disparu de l’atmosphère des villes et que la différence entre ville et campagne tend sur ce point à l’égalité.

Sur un plan plus général, il s’étonne de l’engouement pour les voitures électriques, dont le processus de production est particulièrement polluant en raison du très grand nombre de composants, fabriqués à l’aide de terres et métaux rares et des batteries nécessaires à leur fonctionnement, alors même que les fabricants de véhicules diesel ont réussi à neutraliser la majeure partie des émissions de polluants.

Christian Gérondeau n’aime pas le GIEC, qualifié d’organisme non scientifique mais politique au service de lobbies des énergies renouvelables. Lecteur attentif des rapports, il souligne l’écart entre les conclusions des scientifiques, non alarmistes, et celles des rédacteurs du rapport final, souvent effrayantes. Il souligne également la tromperie faisant croire que nous pouvons modifier le cours des choses. La France par exemple en divisant par deux ses émissions de gaz à effet de serre ne réduirait la hausse des températures que 0,0007 degrés. A l’échelle planétaire, ce chiffre ne serait que de 0,08 degré.

L’ouvrage tend à démontrer par de multiples chiffres et graphiques les thèses qu’il soutient et c’est bien le moins. Le problème est que plusieurs failles apparaissent dans le raisonnement et qu’elles surprennent venant d’un scientifique. On peut en retenir les deux principales.

La première concerne les causes du réchauffement climatique. Pour l’auteur, elles sont étrangères à l’activité humaine. Certes il y a une masse considérable de CO2 dans notre atmosphère (3 200 milliards de tonnes) mais les relevés géologiques montrent qu’il y en a eu beaucoup plus à certaines époques sans que la vie soit mise en danger. Pour Gérondeau, il est donc illusoire de penser que la limitation des activités humaines changerait quoi que ce soit et les politiques de décarbonation à marche forcée ne sont qu’un énorme gaspillage. Un peu comme si on nous disait devant un verre plein que l’on pourrait y verser encore quelques gouttes sans qu’il déborde.

La seconde est que ce livre est tout entier consacré à la défense du diesel, défense dont l’auteur se désole qu’elle ne soit pas suivie par les pétroliers ni les constructeurs automobiles. Mais pas un mot sur le problème de l’épuisement des réserves, qui finira bien par se produire, comme il écarte d’un trait de plume les énergies renouvelables comme l’hydrogène qui pourraient cependant être le meilleur moyen de survie de l’industrie automobile. Curieuse démarche.

Gérard Durand


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