Michel Guerrin, rédacteur en chef au "Monde". 11 avril 2019
[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"[...] C’est très grave. Pour de multiples raisons. La pièce devait se jouer dans la plus ancienne université française, un emblème de la Nation. Son metteur en scène, Philippe Brunet, est un helléniste respecté – il a essuyé des injures. Et puis cette entrave à la liberté de création n’a pas vraiment fait réagir les milieux culturels, pourtant épidermiques sur le sujet. Il a fallu près de deux jours, et des articles dans la presse, pour que les ministères de la culture et de l’enseignement supérieur publient un communiqué navré, promettant que la pièce se tiendra dans les semaines à venir.
En fait les milieux culturels sont tétanisés. Ils font corps quand se dresse une censure venant de l’Etat, des cercles d’extrême droite ou catholiques. Mais là, leurs ennemis pourraient être leurs amis. Depuis quelques années, des communautés en France – ici des Noirs – adoptent une posture victimaire, estimant que l’Occident, par nature raciste, n’est pas légitime pour écrire leur histoire, passée et actuelle, et fustigent tout signe d’appropriation culturelle, qu’elle soit vernaculaire ou venant d’artistes blancs et dominants. C’est ainsi que le metteur en scène canadien Robert Lepage a dû annuler en 2018 son spectacle Kanata à Montréal, au motif que sa relecture de l’histoire de son pays n’avait pas été menée avec des Amérindiens.
L’approche communautariste vient des Etats-Unis, où elle est en vogue sur les campus. [...]"
Voir aussi dans la Revue de presse les rubriques Pièce d’Eschyle empêchée à la Sorbonne (mars 19) (dans "Appropriation culturelle"), Etats-Unis d’Amérique (note du CLR).
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