par Khaled Slougui, consultant formateur, président de l’association Turquoise Freedom. 20 octobre 2019
[Les tribunes libres sont sélectionnées à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
Il y a plus d’un an, j’avais publié une tribune sous le titre " Le voile qui dévoile ". Pas de changement à l’horizon, le problème se pose exactement dans les mêmes termes et les protagonistes sont les mêmes : islamistes, extrême droite, bigoterie crasseuse, islamogauchisme...
Mais cette fois, il y a le pouvoir qui tire les ficelles en dernier ressort ; Macron réalise l’aubaine que c’est d’avoir à enterrer les multiples problèmes qui se posent à peu de frais, et de focaliser sur la radicalisation, l’islam, le voile... Tout en occultant les vrais déterminismes de sujets complexes qui si on n’y prend pas garde peuvent causer d’énormes dégâts.
La tribune d’aujourd’hui est une reprise des réactions que j’ai pu avoir durant cette quinzaine à ce sujet.
1 - Mon implication dans ce domaine, consiste à déconstruire le discours islamiste sur le voile, sans concession à ce qui a été mobilisé de mille et une façons, pour justifier le port d’un accoutrement entré par effraction dans l’imaginaire collectif. Il s’agit de retourner l’accusation d’obsession sur un bout de tissu qui est brandie contre tous les laïques en l’obsession, véritable celle-là, vis-à-vis du corps de la femme, et notamment les cheveux.
Encore une fois, l’agitation furieuse des enragés de Dieu, c’est un choix délibéré des hommes qui ne sont mus, faute de contenu rationnel et mobilisateur, que par l’instrumentalisation de la religion musulmane et son messager à des fins de pouvoir. Il n’est question nulle part de foi, de croyance ou de spiritualité ; la fin ultime, c’est le partage de la rente théologique. Nous ne devons pas les laisser faire ; il s’agit d’une bataille tout à la fois de l’avenir et du devenir.
2 -C’est une hystérie générale qui s’est emparée de la société et bien au-delà ; elle révélatrice de la médiocrité des "merdias". La même journée, plein de magazines ont fait du voile la une.Ce faisant, ils servent la soupe aux pires islamistes. Pitoyable !
Sans tergiverser, j’ai répliqué : "C’est de la provocation entretenue. Cette femme n’avait n’avait rien à faire dans une sortie scolaire. Je conseille aux parents de se méfier comme de la peste de ces femmes voilées. Il ne faut surtout pas les mettre au contact des gamins. Et pour cause. Dans notre association, toutes les jeunes filles radicalisées et converties, l’ont été au contact de femmes voilées. Cela commence par les sourires et une attention toute feinte, cela se prolonge par les makrouds, et l’on sait comment cela se termine : l’islam , c’est la meilleure religion et l’offre d’un voile pour essayer".
Comme dans toutes les sectes, elles sont également chargées de la triste besogne de défaire les couples si un des conjoints remet en cause la doxa. Mon ami Mohamed Louizi a failli l’apprendre à ses dépens, quand il a quitté les Frères musulmans.
3 - Je ne me suis jamais fait d’illusion sur le niveau culturel et intellectuel des stars du showbiz. Ils dénoncent la haine contre les musulmans, une haine qui leur a été soufflée et dont en vérité ils ne savent rien. La stratégie des islamistes est dévastatrice : ils prennent en otage l’ensemble des citoyens de confession musulmane, en parlant en leur nom, en les présentant en victimes de l’islamophobie qui n’est que leur invention.
N’est pas Marlon Brando qui veut.
La haine provient de ceux qui ont remplacé le prophète et se prennent même pour Dieu. C’est l’apostasie, c’est l’excommunication, et c’est l’oeuvre des islamistes qui ont défiguré, dévoyé, caricaturé, mutilé et estropié notre religion qui était d’une attachante simplicité.
Le voile n’est pas spécifiquement une tenue musulmane. Il existe dans toutes les religions, et aussi dans des croyances non religieuses. Celles qui le portent ne représentent qu’elles-mêmes. La pudeur n’est pas un attribut spécifique aux religions.
Il convient de préciser que la sortie scolaire est un acte éminemment pédagogique et qu’elle s’inscrit de plain pied dans le service public. Il en découle logiquement que les mères voilées, dans ce cadre, deviennent des personnels éducatifs et non de simples usager
4 - "La femme non voilée, c’est comme une pièce de de 2 euros qui passe de main en main" dit Hani Ramadan.
"La femme qui ne se voile pas, elle cherche à se faire violer" lui répond comme en écho l’imam Houdeifa. M. Plenel, comme par hasard, n’a pas vu cette haine qui se déverse sur les musulmanes et toutes les femmes.
Qui a dit : "Le recours à la piste violente pour conquérir l’occident reste une option" ? L’imam Lasfar de l’UOIF. Il sait de quoi il parle, vu que l’allégeance dans cette nébuleuse se fait avec le pistolet d’un côté et le Coran de l’autre. Voila un concentré de haine M. Plenel.
Les musulmans ont envie, pour l’écrasante majorité, qu’on leur fiche la paix avec la religion, leur foi se suffit à elle-même. Leurs problèmes sont ceux de tous les citoyens, ils n’ont rien de spécifique, ils ressortent du profane et non du sacré. Le business sur le dos des musulmans, basta !
5 - Contrairement aux allégations des islamistes qui ont réussi le tour de force de faire croire que le voile est l’habit naturel, indiscutable de la femme musulmane depuis toujours, il faut préciser qu’il s’agit d’une mode vestimentaire apparue avec la révolution iranienne (1979).
Qu’une femme porte le voile pour aller au paradis, par convenance personnelle, pour faire plaisir à son mari, ou pour s’adonner au plus vieux métier du monde, personne ne peut ni n’a le droit de juger les motivations de son accoutrement, à fortiori l’Etat. Elle est dans la sphère privée.
En revanche, comme garant de l’ordre public qui n’est rien d’autre qu’un ensemble de lois, l’Etat a toute légitimité pour faire appliquer la loi, soit qu’elle protège, soit qu’elle sanctionne. C’est typiquement le cas des sorties scolaires.
Le regretté Bernard Stasi ne s’y trompait pas quand il déclarait avec insistance : « Il faut avoir conscience que les comportements sont souvent le fait de groupes qui testent la résistance de la république. » Ils sont tout le temps dans la provocation-victimisation.
Concernant l’école, la loi de 2004 est toute indiquée, elle est tout à fait appropriée, même si elle a été qualifiée de loi de la discrimination et de loi scélérate par les ténébreux islamistes et leurs soutiens. Elle le serait si d’autres signes religieux étaient admis à l’école.
Bernard Stasi ajoutait, et cela s’applique aux sorties scolaires : « Cette loi est de portée générale, et il a été prévu qu’elle pouvait être mobilisée, adaptée, appliquée à d’autres situations de même nature dans d’autres domaines. »
6 - C’est un déni de citoyenneté que de parler de "musulmans", d’autant que personne ne s’aventure à évoquer "les chrétien", "les juifs", "les bouddhistes"... En république laïque, le citoyen transcende le croyant. Cette entité n’existe pas,vu que l’islam est pluriel comme le précise Henri Laurent, du Collège de France. La Oumma est une mythologie, une chimère et un fantasme à la fois.
Les républicains ne devraient pas se laisser distraire par l’agitation furieuse de l’infime minorité islamiste. Marcel Gauchet qualifie le cycle qui s’achève comme la sortie du religieux. Abdelmalek Sayad nous dit que c’est comme le signe de la bête qui agonise. Mais vigilance quand même !
Une info : mon copain d’abord, Georges Brassens est né le 22 octobre 1921 et mort le 29 octobre 1981 ; en attendant de lui écrire ma lettre d’hommage durant cette période, je vous gratifie de ces vers d’une très belle chanson (de lui) :
" On n’a plus rien à cacher
On peut s’aimer comm’ bon nous semble
Et tant mieux si c’est un péché
Nous irons en enfer ensemble"
Khaled Slougui
Comité Laïcité République
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