4 mai 2011
[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"Gautier Weinmann, un habitant de Leforest, est parti en croisade contre le calvaire de sa commune. Mais le « laïcard » semble pour l’instant bien seul dans ce début de clochemerle.
GAËLLE CARON
C’est vrai qu’il est imposant ce Christ en croix érigé à l’angle des rues Casimir Beugnet et Emile Basly.
D’autant plus immanquable à l’entrée de Leforest qu’il est entouré de deux statues, celles de Joseph et Marie. Mais il n’en reste pas moins un calvaire comme il en existe tant dans les villes et villages de la région. Un patrimoine hérité du passé chrétien de la France, mais qui donne des boutons à l’un des quelque 7 000 habitants de la commune...
« J’estime que ce crucifix sur la voie publique est inadmissible, choquant et déplacé. C’est un signe religieux ostensible, imposé à tous » , argumente Gautier Weinmann, l’indigné, qui dégaine l’article 28 de la loi de 1905, relative à la séparation de l’Eglise et de l’Etat, pour justifier sa démarche. Article qui « interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit ». Justement, le calvaire de Leforest n’est-il pas antérieur à 1905, auquel cas il échapperait à toute tentative de déboulonnage ? 26/6/46 : sur son socle en pierre est gravée cette date, sans pour autant que le siècle ne soit précisé. Mais le maire socialiste de la commune, Christian Musial, en est convaincu : « Ce calvaire était déjà là au XVIe siècle et nous en avons d’ailleurs des photos très anciennes, qui le montrent au beau milieu des champs, bien avant que les premières habitations soient construites autour. » Déterminé à voir disparaître ce crucifix « made in China et qui n’a rien à voir avec le patrimoine historique » au profit par exemple d’un beau parterre de fleurs, Gautier Weinmann a créé une page Facebook « Non aux signes religieux ostensibles sur la voie publique » , qui ne compte pour l’instant que cinq amis. Et il entend également interpeller le préfet du Pas-de-Calais. Collaborateur du député communiste du Nord Jean-Jacques Candelier, il précise en outre que son « combat » n’engage que lui et que son « but n’est pas de faire raser toutes les églises de France », mais simplement de défendre le principe de laïcité. « Les gens se sont habitués à la présence de ce calvaire, mais ce serait autrement plus polémique s’il s’agissait d’un édifice musulman... », juge-t-il.
« Jésus ne m’embête pas » Pour le maire en revanche, Gautier Weinmann a juste envie « d’embêter le monde et de faire parler de lui ». « Il se trompe de débat et en mélangeant laïcité et histoire, il s’engage sur un terrain glissant, voire dangereux, s’agace Christian Musial. A l’écouter, je devrais peut-être aussi fermer le cimetière, bourré de croix, et arrêter de l’entretenir ! » Les riverains n’en pensent pas moins. Et pour tout dire ne comprennent pas franchement l’appel à la mobilisation citoyenne lancé par Gautier Weinmann. « Je ne suis pas croyante, mais Jésus ne m’embête pas. Il me dit bonjour tous les matins quand j’ouvre mes volets », plaisante Nathalie, 41 ans. « Et puis c’est un point de repère géographique dans la commune ! », estime Marjolaine, la fille de la voisine, pourtant athée elle aussi. « Il est pas terrible ce calvaire, mais ça ne m’empêche pas de vivre, commente Sophie, 29 ans, sur le trottoir d’en face.
D’ailleurs je n’y prête même plus attention. » Des témoignages de bonne augure pour la sainte famille de Leforest, qui devrait pouvoir encore longtemps regarder passer les camions...”
Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris
Voir les mentions légales