"Blasphème et retournement victimaire : faut-il « respecter toutes les croyances » ?" 18 septembre 2017
"Les anciennes législations sur le blasphème tendent à disparaître dans les États où règne la liberté d’expression. La liberté d’expression est fort heureusement formelle : les abus de la liberté sont textuellement définis et on ne peut invoquer aucune interprétation philosophique pour en condamner de prétendus mauvais usages.
Mais l’accusation de blasphème n’a pour autant pas disparu ni perdu en virulence : elle a changé de nature et de sens en opérant un retournement victimaire. Ce n’est plus Dieu ou ses prophètes qui sont prétendument offensés, mais les croyants eux-mêmes dans leur sensibilité – comme le montre notamment sur l’exemple du cinéma Jeanne Favret-Saada dans son dernier ouvrage.
La conséquence d’un tel retournement, s’il était admis, n’est pas mince, ni juridiquement ni philosophiquement : faut-il considérer les convictions comme essentielles à la personne et ériger en principe le respect de toute croyance du fait qu’elle s’affirme comme telle ? [...]"
Voir aussi « Les sensibilités religieuses blessées » de J. Favret-Saada (Fayard), A. Colosimo : La loi antiraciste de 1972 est une rupture fondamentale pour la liberté d’expression (nonfiction.fr , 26 fév. 16), A. Colosimo : “Affirmer que le blasphème n’a qu’une dimension religieuse est une grave erreur” (telerama.fr , 7 jan. 16), la rubrique Lois mémorielles (note du CLR).
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