Note de lecture

C. Fourest : Aux origines du pseudo antiracisme (G. Casel)

par Gilles Casel. 1er septembre 2020

Caroline Fourest, Génération offensée, Grasset, 2019, 162 p., 2019.

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Dans son Génie de la laïcité, Caroline Fourest soulignait, jurisprudence à l’appui, que le droit positif aux Etats Unis ignorait le principe de l’égalité de traitement des citoyens indépendamment de leur origine ethnique et de leurs pratiques religieuses.

Elle rendait compte aussi du multiculturalisme au Canada en général, et surtout au Québec, où le patriarcat islamiste marquait des points et usait de la technique du harcèlement judiciaire contre ses adversaires (dont notre amie Djemila Benhabib fut une victime en son temps après qu’elle eut dénoncé le sort d’une fillette voilée jusques et y compris dans son école islamique).

Ainsi alertait-elle le public des prolongements prévisibles des petites victoires indéniables en France des Frères musulmans et mettait elle en garde contre la tentation du multiculturalisme. Certains de nos concitoyens n’étaient ils pas fatigués de ce qu’ils considéraient comme des embrouilles dont ils ne mesuraient en rien les enjeux ? Et le livre, qui brocardait aussi les objectifs américains du "soft power" dans notre pays, favorisa une meilleur prise de conscience de ce qu’était le multiculturalisme dont le nom même, à défaut de la pratique, y est plutôt connoté positivement. Ce ne fut pas la le moindre mérite de ce travail.

Sur le même registre, Caroline Fourest, dans Génération offensée, informe, explique et dénonce les procès en "appropriation culturelle" instruits par certaines minorités violentes. Des avatars d’un pseudo antiracisme et d’un vrai multiculturalisme, visant à mener des politiques dissociées selon les minorités, en focalisant sur la race, le sexe et le genre, en interdisant par tous les moyens l’utilisation par l’homme ou la femme blanche - acteurs, enseignants, écrivains - les éléments caractéristiques d’une autre culture (masques noirs pour des acteurs blancs, dreadlocks d’une actrice suédoise, voire l’intitulé "noire" d’un livre écrit par une auteure blanche). Mais aussi la censure de tout enseignement ou partie d’un cours ou d’une oeuvre qui pourrait offenser telle ou tel. Peut on dire que c’est ahurissant et donc inintéressant ? Peut être, mais cela est.

Cet avatar, ce sous produit de l’antiracisme, apparu dans un groupe de lesbiennes noires américaines, nous le connaissons tous en France depuis le blocage par des membres du Cran et des "brigades contre la négrophobie", de la représentation des Suppliantes qui devait avoir lieu la Sorbonne. C’était en 2019. Beaucoup d’entre nous y apprirent ce qu’était le blackface.

Après les événements invraisemblables dont certains campus furent le théâtre, Caroline Fourest nous avertit que le ver est en certains fruits dans l’université française. En d’autres termes, l’obscurantisme frappe la tête de l’universalisme.

La journaliste comprend bien, en regard de son propre parcours de jeune femme lesbienne, les tentations au repli. Mais elle note que le repli marque toujours une certaine fatigue psychique qui ne permet plus le débat, qui occulte l’exigence universaliste de dialogue, de l’ouverture et de la paix. Car la politique de "reconnaissance" (identity politics) conduit au combat et non au débat. A la guerre civile, est on tenté de lui demander.

Contre des militants qui apeurent la majorité de leurs condisciples, des Etats Unis à la Belgique, il ne s’agit pas d’un phénomène hexagonal dont quelques intellectuels franco-français de repaîtraient, il faut avoir le courage d’avertir, de dénoncer, de débattre avec ceux qui en sont capables. Et ce courage-là, Caroline Fourest n’en est pas vraiment dépourvue !

Gilles Casel



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