Revue de presse

"Bras de fer autour de la Vierge de Publier" (ledauphine.com , 23 jan. 14)

25 janvier 2014

"L’installation d’une Vierge dans un parc public sème la zizanie à Publier, une petite commune des rives du Léman située à proximité d’Évian.

Notre-Dame du Léman trône sur les hauteurs de la petite commune de Publier depuis près de trois ans. La Vierge de marbre bleu n’est ni un héritage du passé, ni une érection ecclésiastique. Non, la statue mariale est le fruit d’une commande publique. Un investissement de 35 000 € financé par le contribuable, sans que le sujet n’ait jamais été débattu devant le conseil municipal avant son installation. La lubie d’un maire (sans étiquette), Gaston Lacroix, avide de « donner des repères à une société qui n’en a plus », quitte à brouiller le cadre républicain et à bafouer le principe de laïcité. Face au tollé médiatico-politique suscité par l’affaire, Lacroix s’est résolu à revendre sa vierge à une association paroissiale quelques semaines seulement après sa bénédiction. Sans néanmoins la déménager du domaine communal.

Aujourd’hui, la statue campe donc toujours dans le petit parc public, à côté de la buvette d’eau minérale d’Évian dont l’usine d’embouteillage est installée dans la plaine. [...]

Quant à l’Église ? Elle a pris ses distances avec une Vierge dont elle n’assume absolument pas la paternité. Le diocèse d’Annecy, sourd et muet à l’affaire, assure n’avoir jamais entendu parler de cette Vierge pourtant copieusement médiatisée. Du coup, c’est le curé de la paroisse d’Évian qui s’en explique : « Nous n’avons jamais rien demandé ! Ce ne sont ni les paroissiens, ni le père Colloud (Ndlr, prêtre en exercice à l’époque) qui ont émis ce souhait. Au contraire, le père avait mis en garde le maire en lui disant qu’il allait s’attirer des ennuis », défend Henry Duperthuy. « On assumerait si on avait poussé [pour avoir cette statue], mais la seule chose que nous avons faite, c’est trouver une solution quand la municipalité était dans la m… » La solution ? Le rachat de la statue grâce à la contribution des ouailles locales.

« C’est beaucoup de foin et de tralala pour rien », évacue de son côté le père Robert Colloud, « le maire, c’était son idée à lui, il la voulait absolument. Aujourd’hui elle a été rachetée alors elle gêne qui ? Personne ! » Pas tout à fait puisque trois recours ont été déposés devant le tribunal administratif de Grenoble. D’abord par un collectif d’administrés, dont un premier recours gracieux de déplacement de la statue avait été rejeté par le maire. « Elle se situe dans un parc, à quelques mètres d’une fontaine où les gens vont chercher de l’eau et à côté d’une route qui relie le bas et le haut de la commune, elle n’est pas sur un terrain perdu au milieu des bois », argumente Alain Prigent, leur porte-parole.

La fédération des Libres-penseurs lui avait emboîté le pas, estimant que « la commune n’a pas à reconnaître un culte, le financer et en faire la promotion. C’est une atteinte à la liberté de conscience des citoyens. […] L’existence ou la non-existence d’un dieu ou d’une déesse, n’est pas de la compétence d’un maire ou de la République ».

Le dernier recours émane lui de l’État, qui s’oppose à la cession de la parcelle à son nouveau propriétaire. Hostile à toute délocalisation mariale, la municipalité a tenté en juin dernier de déclasser le bout de terrain qui accueille la statue pour le vendre à prix modique à l’association cultuelle.

« Une manœuvre impossible » puisque « le bien est toujours utilisé par le public ou affecté à un service public », estime le sous-préfet de Thonon, Jean-Yves Le Merrer. [...]"

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