30 mars 2013
"Bernard-Henri Lévy a de drôles d’indignations. Il s’en prend violemment dans son bloc-notes du Point (repris sur son propre site La Règle du jeu) à l’article de Rue89 qui rapportait qu’il avait été écarté du voyage de Nicolas Sarkozy à Tripoli en raison des objections des responsables de la mairie de la capitale libyenne dues à son origine juive. Au lieu de s’en prendre aux faits eux-mêmes, autrement plus accablants mais embarrassants.
Le jour de la parution de l’article, le 18 mars, j’avais eu un échange musclé par SMS avec BHL, dont il m’avait demandé de ne pas faire état. Mais puisqu’il en parle lui-même, je me sens dégagé de cette exigence.
Le philosophe avait deux objections. La première concernait le titre initial de l’article à l’heure très matinale de notre échange : « BHL, le juif, ne fera pas le voyage de Tripoli avec Sarkozy ». Ce titre le choquait car il le réduisait à son judaïsme, mais c’est justement de cela qu’il s’agissait à Tripoli et il fallait avoir l’esprit mal tourné pour y voir autre chose.
Ce titre sans doute maladroit a été modifié pour montrer, sans la moindre ambiguïté possible, que ce n’est pas Rue89 qui réduisait ainsi BHL à son judaïsme, mais bien les responsables libyens de cet interdit.
C’est devenu « BHL n’ira pas à Tripoli avec Sarkozy car “il est juif” », les guillemets montrant qu’il s’agit bien d’une citation.
Quant à la description de « BHL, le juif », avant de s’offusquer, peut-être Bernard-Henri Lévy devrait-il relire ses œuvres complètes, et se souvenir de son envolée lyrique reprise par La Règle du jeu :
« Peut-être que l’islamisme radical se développera, ajoute BHL, mais il va tomber sur un os. Cet os, c’est la Libye, avec cette évidence qui a déboussolé les radars et sidéré les Libyens en premier lieu : le juif Sarkozy (comme on l’appelle là-bas) et le juif Lévy ont emmené le désir d’une coalition internationale s’employant à leur libération sans qu’ils n’y puissent déceler aucun complot. »
Nous maintenons à 100% les informations
BHL poursuit sa chronique du Point en s’opposant avec véhémence au contenu de l’article de Rue89, qu’il qualifie d’« information fondée sur les mêmes propos vagues, mal vérifiés, mal sourcés ».
Cet article a été rédigé par Maryline Dumas, une journaliste basée sur place à Tripoli et qui a fait un travail professionnel dont nous maintenons à 100% les informations.
La réaction de BHL est d’autant plus surprenante que s’il n’avait pas pu être joint par notre correspondante, celle-ci a eu à plusieurs reprises Gilles Hertzog, son alter-égo, compagnon de toutes ses aventures depuis 30 ans. C’était d’ailleurs précisé dans l’article :
« Lundi, le philosophe était injoignable, et ce mardi, il a refusé de commenter nos informations. C’est Gilles Hertzog, un très proche ami qui l’a suivi pendant la révolution en Libye, qui s’est chargé de répondre à nos questions ».
Non seulement Gilles Hertzog n’a pas démenti les informations, mais il a félicité Maryline Dumas pour son article, et lui a révélé après que Nicolas Sarkozy avait envisagé un moment d’annuler sa visite en raison de l’hostilité de la mairie à la présence de BHL, mais que ce dernier l’en avait dissuadé...
Une chronique surréaliste
Le côté surréaliste de cette chronique de BHL, qui nous fait passer au choix pour des antisémites ou des affabulateurs, est que notre article était une dénonciation de l’attitude insupportable de ceux qui s’opposaient à sa présence en raison de son origine juive.
A la fin de cette chronique très mal inspirée, BHL lui-même est en proie au doute :
« Se pourrait-il, alors, que l’information du site français ait eu sa part de vérité ?
Y aurait-il vraiment, à la mairie de Tripoli, des responsables assez irresponsables pour avoir dit que la venue d’un “ juif ” pouvait, dans le climat d’aujourd’hui, provoquer des tensions, des troubles, voire le réveil de telle ou telle milice ?
L’idée vous accable.
Elle vous emplit de chagrin, de colère. »
Qu’y avait-il d’insupportable dans notre article à part le fait que lui, Bernard-Henri Lévy, le libérateur de la Libye, soit écarté aujourd’hui par certains de ceux qu’il a contribué à libérer, et cela pour la pire des raisons qui soit : son origine.
Sans rancune, et c’est signé du juif Pierre Haski."
Comité Laïcité République
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