Revue de presse

Bari Weiss : "S’excuser, ramper, effacer, ramper de plus belle…" (bariweiss.com , Le Point, 18 août 22)

Bari Weiss, journaliste américaine. 21 août 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Selon l’ancienne journaliste du « New York Times » Bari Weiss, l’obsession culturelle de ne pas offenser est en partie responsable de l’attaque contre l’écrivain."

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"[...] Un groupe se pense motivé par l’inclusion et la tolérance – et imagine qu’il est possible de créer quelque chose d’encore mieux que le libéralisme, une société utopique où nul n’est jamais offensé. L’autre groupe, personne n’a de mal à deviner qu’il est constitué de fanatiques religieux. Sauf que c’est de la complaisance et de la lâcheté collective des premiers que les seconds ont tiré leur pouvoir. Jusqu’à ce qu’un fanatique se rue sur la scène d’une conférence littéraire armé d’un couteau et s’en prenne à l’un des écrivains les plus courageux qui soient. [...]

[Rushdie] était témoin de l’affaiblissement des mêmes valeurs occidentales – ce féroce engagement en faveur de la liberté de conscience et d’expression – qui lui avaient sauvé la vie. « Si les attaques contre Les Versets sataniques avaient lieu aujourd’hui, déclarait-il encore à L’Express, ces gens ne prendraient pas ma défense et useraient de ces mêmes arguments contre moi, en m’accusant d’insulter une minorité ethnique et culturelle. » [...]

Quand Rushdie intervient dans L’Express, c’est après la décision du PEN Club, société littéraire américaine de premier plan, de décerner un prix au magazine satirique Charlie Hebdo. Quelques mois auparavant, dans leurs bureaux, une douzaine de membres de la rédaction et du personnel de Charlie Hebdo avaient été assassinés par deux terroristes. Impossible de penser à une publication méritant davantage la reconnaissance et les honneurs.

Et pourtant, quelle fut la réaction des auteurs parmi les plus célèbres du monde ? Contester cette distinction. Plus de 200 écrivains – parmi lesquels Joyce Carol Oates, Lorrie Moore, Michael Cunningham, Rachel Kushner, Michael Ondaatje, Teju Cole, Peter Carey ou encore Junot Díaz – laissèrent entendre que les journalistes et dessinateurs qui venaient de voir leurs amis assassinés pour avoir publié des caricatures de Mahomet étaient peut-être, eux aussi, un petit peu fautifs. Que si quelque chose offense un groupe minoritaire, alors il ne faut peut-être pas l’envoyer à l’imprimerie. Et que ces caricaturistes étaient à n’en pas douter offensants, y compris ceux qui étaient morts. Les pétitionnaires accusaient PEN de « valoriser un contenu sélectivement offensant : un contenu qui attise les sentiments anti-islamiques, anti-maghrébins, anti-arabes déjà largement répandus dans le monde occidental ».

Rushdie répondit : « Cette question n’a rien à voir avec une minorité opprimée et défavorisée. Elle a tout à voir avec la bataille contre l’islam fanatique, qui est très bien organisé, très bien financé, et qui vise à tous nous terrifier, musulmans comme non musulmans, pour nous réduire au silence. » [...]"

Lire "S’excuser, ramper, effacer, ramper de plus belle…".



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