Compte-rendu 19 mai 2010
Président de la mission parlementaire sur le port du voile intégral, André Gerin invite chacun à se procurer et à lire un rapport de plusieurs centaines de pages dont on n’a retenu par le biais de la presse seulement quelques éléments. Il comporte un diagnostic, des analyses, des témoignages qui méritent largement autant la lecture que les conclusions auxquelles a abouti la mission parlementaire. Il souligne que le diagnostic a fait l’objet d’un accord de l’ensemble des parlementaires, tous groupes politiques confondus. Il remarque en outre que, durant les travaux de la mission, de très nombreuses sollicitations sont venues de pays étrangers, intéressés positivement par les travaux de la mission. Témoin, les connexions internet relevées sur le site de la mission provenaient pour 40% de l’étranger.
André Gerin mentionne un intérêt personnel ancien sur la question des fondamentalismes religieux, en sa qualité de député d’une circonscription populaire de l’agglomération lyonnaise et passée de maire de Vénissieux, durant 22 ans. Ainsi, en 2002, il retrouvait la trace de deux jeunes de sa ville à la prison américaine de Guantanamo. Ainsi encore, il raconte comment il a contribué à l’expulsion de France de l’imam Bouziane, exerçant à Vénissieux, rendu célèbre par ses recommandations sur sa façon de « corriger » son épouse. Il raconte aussi, comme maire, avoir vécu les conflits divers suscités par des extrémistes religieux dans les services municipaux d’état civil, dans les écoles, dans les quartiers, les menaces exercées sur les fonctionnaires territoriaux, les pressions exercées sur les jeunes filles pour leur imposer des relations ou des mariages. Pour André Gerin, les femmes qui portent le voile intégral témoignent de l’aboutissement du processus d’endoctrinement, sachant que cela commence par exemple quand on dispense de piscine les jeunes filles -pour des motifs clairement religieux, comme c’est le cas pour 50% d’entre elles dans sa ville. « Celles qui ne parlent pas, il faudrait en parler », recommande le député du Rhône.
André Gerin évoque les émeutes de 2005, qui pendant trois semaines, avaient embrasé 800 villes sur le territoire français. Il avait alors remarqué qu’au bout d’une semaine, la nature des expressions violentes avait changé pour se concentrer sur tous les symboles de la République ou de la puissance publique, nationale ou locale. De cette expérience, André Gerin avait publié en 2007 un livre, Les Ghettos de la République (éditions des Quatre chemins) dans lequel il relatait son vécu des émeutes et le lien qu’il a pu établir dans sa ville entre intégrisme, trafic de drogue et organisation mafieuse. Pour celui qui fut maire de Vénissieux de 1985 à 2007, s’il existe une paupérisation économique et sociale indéniable, il serait absurde de nier que s’y superpose une paupérisation morale et culturelle. « Il existe des gourous qui instrumentalisent l’islam pour des objectifs clairement antirépublicains », dit-il, soulignant que ces problèmes dépassent la problématique gauche-droite. « Tout se tient, poursuit-il, les violences et les dérives. Si on laisse faire cette violence qui fait que tous les jours en France des dizaines de voitures sont brûlées, des policiers blessés sans que les médias n’en parlent, cette violence va devenir la norme ». Or, pour André Gerin, « la République demeure la meilleure réponse pour assurer le vivre ensemble ». Les travaux de la mission parlementaire qu’il a présidée ont permis de mettre en lumière ce qu’il qualifie être « un problème de civilisation ». « Il y a le feu dans la maison de la République, alerte le député. Ce qui nous est commun au-delà des clivages, notre République, il faut qu’on s’en préoccupe. Or, beaucoup rechignent à parler des problèmes liés à l’intégrisme et au communautarisme. Il y a des endroits en France où la charia est appliquée, pas seulement dans les familles mais aussi dans des quartiers entiers. L’imbrication entre trafic de drogue, mafia et intégrisme est enkystée ». Concluant son propos, André Gerin dénonce « le cynisme insupportable, l’hypocrisie de ceux qui parlent de liberté s’agissant des femmes en burqa. Comment peut-on affirmer que tenir une femme dans un cercueil ambulant relève de la liberté ? Je ne lâcherai pas là-dessus. J’en appelle au sursaut républicain ».
Le débat qui a suivi a été fort riche. Y ont participé de nombreux représentants d’associations et plusieurs élus, notamment :
Ont également participé au débat : M. Gilbert ABERGEL, vice-président du CLR ; Mme Marie-Françoise BLANCHET, vice-présidente du CLR ; M. Jean-Michel QUILLARDET, président de l’Observatoire de la laïcité ; M. Claude VAILLANT ; ainsi que de nombreux représentants d’associations laïques.
Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris
Voir les mentions légales