27 septembre 2012
"Le "fonds banlieue" financé par le Qatar voit ses contours et sa finalité retouchés. Par corrections successives, le gouvernement de François Hollande réoriente depuis trois mois cette initiative de l’émirat qui avait été annoncée fin 2011. Désormais cofinancée à parité par l’Etat français et le privé, elle ne sera plus exclusivement orientée vers le soutien des projets d’entrepreneurs des quartiers.
Le projet avait été annoncé le 9 décembre 2011 par l’ambassadeur du Qatar à Paris. Il s’agissait de lancer un fonds d’investissement de 50 millions d’euros destiné aux quartiers français en difficulté. L’annonce faisait suite à la visite d’une délégation de l’Association nationale des élus locaux de la diversité (Aneld) à Doha pour plaider la cause des banlieues françaises auprès du gouvernement qatari, avec lequel Nicolas Sarkozy entretenait des relations étroites. L’initiative avait immédiatement soulevé des critiques tant à droite qu’à gauche. Les banlieues, territoires délaissés, deviendraient-elles le terrain d’investissement d’une puissance étrangère, soupçonnée par certains de vouloir y faire du prosélitisme religieux ? L’élection présidentielle approchant, le projet avait été suspendu.
Une première réorientation avait été imaginée le 7 juin, lors d’une rencontre entre le premier ministre qatari Hamad ben Jassem Al-Thani et François Hollande. Pas question pour le nouveau président de la République de laisser croire que l’Etat français a besoin d’investisseurs étrangers pour venir au secours de ses quartiers déshérités. De leur côté, les autorités qataries, soucieuses d’éteindre la polémique, veulent effacer tout lien avec la banlieue.
Une première piste, suggérée lors d’un rendez-vous discret entre l’émir et Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif chargé du dossier, est alors esquissée : destiner le fonds aux PME. L’Aneld monte aussitôt au créneau, dénonçant "un détournement de fonds" par le nouveau gouvernement.
100 MILLIONS D’EUROS ABONDÉS À PARITÉ PAR PARIS ET DOHA
La deuxième inflexion est amorcée au cours de l’été et annoncée jeudi 20 septembre à l’Aneld par M. Montebourg. Le gouvernement réajuste le projet sur deux axes. Il s’agira désormais d’un fonds mixte non plus exclusivement qatari, doté de 100 millions d’euros abondés à parité par Paris et Doha et ouvert au privé. "Nous voulons décloisonner en y associant des entreprises françaises qui ont des intérêts économiques et commerciaux au Qatar", explique le cabinet du ministre.
Le fonds, qui est encore à l’état d’ébauche, n’aura plus d’affectation exclusive en banlieue mais sera destiné aux "territoires déshérités", intégrant les zones rurales. Il s’agirait de repérer les territoires ruraux ou urbains dans lesquels "il y a une énergie économique qui ne trouve pas d’investisseur", souligne un proche de M. Montebourg. "Pas question de dire que c’est à 50 % pour les banlieues", comme le laisse croire l’Aneld."
Lire "Banlieues : le "fonds Qatar" sera abondé par l’Etat et le privé".
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