Revue de presse

B. Rougier : L’imam Iquioussen "a joué un rôle considérable dans l’« édification islamique » d’une génération" (Le Figaro, 4 août 22)

Bernard Rougier, sociologue, directeur du Centre des études arabes et orientales. 4 août 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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"[...] Hassan Iquioussen a joué un rôle considérable dans l’« édification islamique » d’une génération aujourd’hui âgée d’une quarantaine d’années, dont il a accompagné la formation en qualité de guide et conseiller spirituel. Il a donné à son public une forte conscience communautaire par la politisation de son appartenance religieuse. Il diffuse ainsi une sorte de culture générale islamiste, comme d’autres l’avaient fait avant lui au Moyen-Orient et au Maghreb. C’est aussi un entrepreneur avisé, qui possède un impressionnant parc immobilier qui lui assure un train de vie aisé. Bénéficiant de l’aura de leur père, et, surtout, de sa force électorale, ses fils, dont l’un est prédicateur, ont aussi intégré le système politique local à Denain, dans les Hauts-de-France, selon un mécanisme d’entrisme hélas de plus en plus pratiqué par les élus locaux. [...]

Hassan Iquioussen cherche explicitement à créer un « lobby politique musulman » et à structurer un « vote communautaire musulman » dont le but est de faire pression sur les pouvoirs publics - à la manière, dit-il, des homosexuels qui ont imposé la loi sur le mariage pour tous. La priorité pour lui est de réislamiser les jeunes musulmans pour les « sortir de la drogue » et en faire des adhérents à sa vision collective et autoritaire de l’islam. [...]

En matière de politique municipale, Iquioussen a posté une vidéo en 2014 intitulée Débat sur le vote : halal (autorisé) ou haram (interdit), chirk (associationnisme) ou intérêt général ?, où il explique « comment garantir à M. le Maire les 853 voix des fidèles de la mosquée » pour structurer un électorat musulman. Selon lui, la méthode est simple. Il faut voir le maire et lui dire : « La dernière fois, vous avez gagné avec 50 voix. Je vous en offre 853. Il fait quoi le maire ? Il fait des génuflexions et des prosternations ! » [...]

Soutenu par les sympathisants décoloniaux et islamo-gauchistes, qui voient dans la politique du gouvernement un héritage néocolonial, le réseau frériste se mobilise pour défendre l’une de ses figures emblématiques, en s’aidant de relais institutionnels et médiatiques en Europe et aux États-Unis. Une cagnotte a même été créée à cet effet, ce qui est indécent au regard des moyens matériels de l’intéressé. [...]

La loi sur le séparatisme renforce le versant républicain de la démocratie française, après le développement accéléré de son versant libéral, sous l’influence de la jurisprudence européenne. Ce versant libéral ne cesse d’être exploité par des forces peu libérales pour miner par un travail de fond la dimension républicaine de l’État - la reconnaissance d’un bien commun par l’identification du citoyen avec la République. À ce titre, la loi sépare l’ordre du croire - le théologique - , de l’ordre du faire - le normatif -, pour libérer les musulmans des risques d’une emprise islamiste sur leur tradition. Nos compatriotes musulmans doivent pouvoir, au nom de leur foi (ou de leur absence de foi), soumettre celle-ci, plus riche et plurielle que ce qu’en disent les islamistes, à un droit d’inventaire. Loin d’être liberticide, la loi m’apparaît plutôt comme la traduction législative de la manifestation de masse du 11 janvier 2015, après le massacre de la rédaction de Charlie hebdo. Elle prend acte du lien entre le haut du spectre - l’action terrorisme - et le bas du spectre - la prédication de rupture, qui cherche à opposer les musulmans au reste du monde."

Lire "Comment l’imam Iquioussen a contribué à l’« édification islamique » d’une génération".



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