par Jean-Pierre Sakoun. 29 août 2017
Bernard Ravet (avec Emmanuel Davindenkoff), Principal de collège ou imam de la République ? Kero, 240 p., 16,90 €.
Bernard Ravet est un principal de collège, ancien instituteur, ayant longuement travaillé dans les services rectoraux, dans le domaine de la pédagogie de l’audiovisuel. Pendant quinze ans, il a dirigé trois des collèges situés dans les zones les plus déshéritées de Marseille, dont le si mal nommé collège Versailles.
Parti à la retraite en 2015, cet humaniste, aimant ses élèves et ses enseignants, courageux, actif et entreprenant, a voulu faire part de son expérience face à la montée concertée et organisée de la pression religieuse islamiste dans ce que l’on appelle pudiquement « les quartiers » et qu’il appelle les territoires, faisant écho aux ouvrages de Georges Bensoussan.
Pour les lecteurs des livres de ce dernier, rien de nouveau d’ailleurs, mais une confirmation par le terrain de la volonté politique de l’islam militant non seulement d’anéantir la laïcité, mais de prendre sa place.
Les épisodes qui s’additionnent, racontés sur un ton calme, parfois teinté d’humour - politesse du désespoir - construisent une image glaçante de la France scolaire de 2015-2017.
Négociation avec les dealers islamisés pour permettre aux professeurs de venir en jupe si elles le désirent sans se faire insulter ou agresser sur le chemin du collège, orientation immédiate d’un élève juif vers un collège privé pour lui éviter le massacre, obscurantisme envahissant les têtes des élèves dès la 6ème, pression pour gagner un mètre dans le collège avec le voile sur la tête, menées complotistes d’un surveillant islamiste au sein de l’établissement, agissements des associations islamistes rigoristes repeintes en associations d’aide aux devoirs… Chaque page mériterait d’être citée dans ce court livre percutant qui dresse un effroyable portrait de l’enseignement secondaire livré au fanatisme.
Ce témoignage est un véritable cahier de travaux pratiques du rapport Obin, qui a d’ailleurs été en partie rédigé après enquête dans le collège dirigé à l’époque par Bernard Ravet. Il est aussi une dénonciation de la lâcheté des élus et de l’administration de l’Education nationale, qui devrait leur faire monter le rouge au front.
Il est dommage que dans sa conclusion, page 221 de l’ouvrage, l’auteur se contredise avec la meilleure foi (si l’on ose dire) du monde en préconisant pour défendre la Laïcité, d’opérer un contrôle très dur et sévère des dérapages religieux par l’extension à l’ensemble de la France du... concordat d’Alsace-Moselle. Il fait soudain confiance à la même administration et aux mêmes élus qu’il montre nus, pour appliquer très strictement un concordat coercitif sans peut-être se rendre compte du fait qu’une telle évolution romprait la dernière digue qui retient l’inondation obscurantiste et qui empêche ces mêmes élus et cette même administration de tout accepter.
Les enseignants de l’école publique, abandonnés par une hiérarchie au mieux résignée, au pire cynique et complice, sont les véritables héros de ce livre que nous devons tous lire.
Jean-Pierre Sakoun
Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris
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