Revue de presse

"Avortement : comment les smartphones des Américaines pourraient se retourner contre elles" (lefigaro.fr , 22 mai 22)

9 juillet 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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"[...] La criminalisation de l’interruption volontaire de grossesse prendrait en effet une tout autre dimension à l’heure de l’hyper connectivité. Dans le pire des scénarios, les smartphones des résidantes des États où l’IVG deviendrait illégale pourraient, en raison de l’utilisation des données personnelles, les emmener droit devant les tribunaux.

En guise de mesure de prévention, des associations diffusent massivement des conseils pour apprendre à cacher ses traces numériques. Il est recommandé aux Américaines faisant face à une grossesse non désirée dans les États concernés de faire leurs recherches en ligne sur l’avortement en navigation privée. Elles devront en discuter avec leurs proches sur des messageries chiffrées où les échanges sont effacés automatiquement. Pour échanger avec la clinique et recevoir les factures, elles ne devront pas utiliser leur adresse e-mail habituelle. Il leur est aussi grandement conseillé de laisser chez elles leurs smartphones pour se rendre aux rendez-vous médicaux. Ou, à défaut, d’acheter en liquide un téléphone prépayé. Dans ce cas, il ne faudra pas activer la géolocalisation ni se connecter à ses réseaux sociaux.

Sans que nous n’en ayons vraiment conscience, les smartphones, PC, ainsi que les sites web et les applications mobiles collectent de nombreuses informations personnelles : déplacements, navigation, échanges, recherches… Ces données sont captées et exploitées dans le but d’exposer les internautes à de la publicité personnalisée. Un marché qui pèse près de 200 milliards de dollars aux États-Unis, et sur lequel règnent Google et Meta (ex-Facebook).

Ce que la chercheuse américaine Shoshana Zuboff nomme le « capitalisme de surveillance » peut aussi se muer en mine d’or pour les services de police. Et ce d’autant plus dans un pays qui n’a pas de législation sur de la protection des données personnelles. « Nos lois sur la vie privée datent du Moyen Âge. Le projet de la Cour suprême va illustrer les conséquences concrètes de législations qui ne sont plus adaptées à notre époque », souligne auprès du Time Magazine le sénateur démocrate Ron Wyden. Ce dernier espère que ses collègues au Congrès vont prendre conscience de la nécessité d’engager une réforme fédérale. « Certains élus m’ont approché en me confiant qu’ils n’avaient jamais vu le problème des données personnelles sous cet angle-là », explique-t-il.

L’exploitation de ces données « permet de pénétrer dans l’esprit et les préoccupations de l’internaute », prévient la chercheuse Cynthia Conti-Cook. Des recherches sur Google pour se renseigner sur l’avortement, l’achat sur Amazon d’un test de grossesse, une géolocalisation à proximité d’un centre de Planning familial, une discussion sur ce sujet sur Messenger ou un transfert d’argent sur PayPal sont autant de preuves qui pourraient être utilisées par un tribunal.

Cela n’est pas de la science-fiction. En janvier 2018, une habitante du Mississippi, accusée d’avoir fait passer un avortement hors délai pour une fausse couche a été poursuivie pour meurtre au deuxième degré. L’accusation se basait en partie sur le fait qu’elle avait tapé la recherche « acheter en ligne pilule abortive Misoprostol » sur son smartphone, remis aux autorités. [...]"

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Voir aussi dans la Revue de presse les rubriques Etats-Unis : avortement dans Etats-Unis d’Amérique, Contraception, avortement, Médias : Internet (note du CLR).


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