27 novembre 2013
"[...] Il est aussi passionnant d’entendre l’homme qui a porté la loi, logiquement surnommée Neuwirth, raconter le débat de 1967 :
« La contraception abordait un sujet qui était, disons-le, tabou. Comme on le disait à l’époque : “Mais mon brave monsieur, on ne parle pas de ces choses-là.” Même au niveau gouvernemental, je dois dire qu’il a fallu l’autorité du président de la République, l’autorité du Général de Gaulle, pour inscrire à l’ordre du jour cette proposition de loi.
Comme la plupart des excellences y était opposé, l’administration aussi, il a fallu attendre 1969 pour voir sortir le premier décret d’application, c’est-à-dire celui qui prévoyait le contrôle des fabrication des différents produits contraceptifs et également cette trouvaille incroyable qui avait été introduite au Sénat à l’époque du “carnet à souches” qui assimilait les femmes prenant des contraceptifs à des toxicomanes.
D’ailleurs il faut dire pour l’honneur des pharmaciens et d’ailleurs des médecins que ce carnet à souche n’a pratiquement jamais été utilisé. »
Le journaliste lui demande s’il se souvient des difficultés rencontrées avec ses collègues parlementaires, il s’exclame :
« Mon dieu ! Ecoutez pour vous donner une idée de ce qu’ont été les débats, je vais simplement vous citer un extrait. Un de mes collègues a commencé son propos en disant : “Il est regrettable qu’un tel projet ne puisse être discuté à huis clos, comme aux assises quand il s’agit d’une affaire de mœurs.” Là, ça n’était que le début, écoutez le morceau de bravoure.
Il a terminé en disant : “D’autre part, les maris ont-ils songé que désormais c’est la femme qui détiendra le pouvoir absolu d’avoir ou de ne pas avoir d’enfant en absorbant la pilule, même à leur insu, les hommes perdront alors la fière conscience de leur virilité féconde et les femmes ne seront plus que des objets de volupté stérile”. »
Lucien Neuwirth raconte enfin les incidences que sa proposition de loi a eu dans sa vie privée, comment il a dû retirer sa fille de son collège. Des parents s’étaient plaints."
Lire "Lucien Neuwirth est mort : avec lui, les femmes sont devenues « objets de volupté stérile »".
Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris
Voir les mentions légales