19 janvier 2014
"En pleine préparation des fêtes de fin d’année, l’affaire a fait grand bruit. Courant décembre, des clients qui voulaient acheter une bouteille de champagne chez Marks & Spencer ont vu la caissière refuser de les servir. Très polie, l’employée, qui portait le foulard musulman, s’est excusée en expliquant que sa religion lui interdit de manipuler de l’alcool et de la viande de porc.
L’histoire, révélée par le Daily Telegraph, a provoqué de vives réactions. "Les croyants de la secte du Monstre du Spaghetti Volant vont-ils être en droit de ne pas vendre de pâtes ?", s’est agacé le biologiste Richard Dawkins, membre de la Royal Society et figure de l’athéisme au Royaume-Uni. Michael Nazir-Ali, ancien évêque anglican de Rochester, qui a déjà mis en garde contre les conséquences de l’extrémisme islamique en Grande-Bretagne et estime que son pays est en train de perdre son identité chrétienne, s’est pour sa part inquiété du risque pour les acheteurs de boissons alcoolisées "de se sentir humiliés quand ils arriveront à la caisse".
Cette affaire illustre la difficulté à trouver un équilibre entre le respect de la liberté religieuse des employés et les contraintes de la vie professionnelle. Outre-Manche, l’approche s’est toujours voulue la plus pragmatique possible. Pas question d’imaginer qu’une salariée portant le foulard puisse être licenciée. Les salles de prière dans les entreprises sont courantes, les enseignantes voilées ne choquent personne, de nombreux policiers sont coiffés du turban sikh...
Mais ce compromis devient fragile : si la liberté de culte est garantie, on lui oppose de plus en plus d’impératifs extérieurs. Ce qui donne lieu à des décisions de justice controversées. Ainsi, Nadia Eweida, une chrétienne copte qui voulait porter une croix autour du cou au-dessus de son uniforme de British Airways, a finalement obtenu gain de cause auprès de la Cour européenne des droits de l’homme, début 2013. En revanche, Shirley Chaplin, une infirmière qui avait formulé le même souhait, a été déboutée car l’hôpital avait rejeté sa demande en raison de précautions sanitaires. La cour a considéré que cet argument était "plus important" que celui de la liberté religieuse. [...]"
Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris
Voir les mentions légales