Revue de presse

"Attentat de Strasbourg : un pauvre assassin" (G. Konopnicki, Marianne, 20 déc. 18)

Guy Konopnicki, journaliste, écrivain, chroniqueur à "Marianne". 25 décembre 2018

[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Au journal de 20 heures, sur France 2, grande chaîne de service public, un couple larmoyant est invité en raison du grand malheur qui les frappe. L’homme porte un bonnet et une barbe rousse, la femme laisse voir un visage fatigué sous son voile traditionnel. C’est terrible, mais leur fils ne les a pas écoutés ! Il a tiré, sans leur permission, sur la foule, au marché de Noël de Strasbourg. Cinq morts, des blessés qui garderont des séquelles, des passants sous le choc et une ville plongée dans le deuil à la veille des fêtes de fin d’année.

L’homme prend le ton du père choqué d’apprendre que son fils a goûté au riesling. Il est, lui, un bon musulman, ça ne se fait pas ! Bon, ce n’était pas le riesling, mais on commence par tuer des coufars, et après, on ne sait pas. Lui, le père, il ne voit pas l’islam comme ça, si le fils l’avait écouté, au lieu de faire des bêtises, de fréquenter la mouvance Daech, il serait encore vivant. Peut-être même que, s’ils avaient été informés de son intention de tuer, ils auraient prévenu la police. Le fiston n’était pas à une arrestation près, il en avait connu 27, il s’en serait tiré avec une garde à vue, une mention de plus sur sa fiche S, mais c’est rien, une fiche S ; papa aussi, il en a une. Seulement là, il est mort !

Ah, quel malheur ! On devrait toujours prévenir ses parents avant de tirer sur une foule. La mère semble accablée. Une pauvre femme que l’on prendrait en pitié. Son petit chéri, qui depuis l’âge de 12 ans vit de vols et de violences, c’est terrible, il est mort en tirant sur des policiers. Responsables, le père, la mère ? Ah, non, ils ne l’ont pas élevé comme ça, ce n’est vraiment pas bien de faire honte à ses parents et à sa religion. D’ailleurs, ces braves gens sont désolés pour les victimes et leurs familles. En ce qui me concerne, je suis plutôt désolé pour le métier de journaliste et pour le service public. Les familles des cinq morts de l’attentat de Strasbourg n’ont pas mérité de voir les parents de l’assassin, chez eux à 20 heures. En français, cela s’appelle un outrage. [...]"

Lire "Attentat de Strasbourg : un pauvre assassin".


Voir aussi la rubrique Attentat de Strasbourg (11 déc. 18) dans Terrorisme islamiste (note du CLR).


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