Revue de presse

"Attentat de Conflans-Sainte-Honorine : deux amis de Le Pen en lien avec l’islamiste Sefrioui" (lejdd.fr , 1er nov. 20)

8 novembre 2020

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Proches de Marine Le Pen, Axel Loustau et Frédéric Chatillon ont gravité, dans l’entourage de Dieudonné, avec Abdelhakim Sefrioui, l’activiste impliqué dans la mort du professeur Samuel Paty.

Par Robin D’Angelo

Le Rassemblement national considère-t-il vraiment l’islamisme radical comme un ennemi ? Deux proches de Marine Le Pen, Axel Loustau et Frédéric Chatillon, se sont affichés au côté d’Abdelhakim Sefrioui, l’islamiste mis en examen et écroué pour avoir lancé la campagne sur les réseaux sociaux qui a provoqué l’assassinat de Samuel Paty. Les trois hommes apparaissent sur une vidéo du 10 janvier 2009, mise en ligne sur le compte Dailymotion du collectif Cheikh Yassine, le groupuscule de Sefrioui, après une manifestation à Paris contre une opération menée par Israël dans la bande de Gaza.

Les images montrent Loustau et Chatillon parmi une foule entonnant… un verset du Coran. Le premier, conseiller régional (RN) d’Île-de-France, était chargé des finances de la campagne présidentielle de Marine Le Pen en 2017. Le second a été le principal prestataire pour la communication du parti – ce qui lui a valu d’être condamné par la justice dans l’affaire des kits de campagne. Tous accompagnent l’humoriste Dieudonné, que l’on voit discuter avec Sefrioui. Puis Dieudonné prononce devant eux un discours, juché sur un camion sono du collectif Cheikh Yassine, avant que Nelly Leboucher, l’épouse de Sefrioui, le remercie de dénoncer le "génocide des Palestiniens".

Sollicités par le JDD, les deux proches de Marine Le Pen admettent avoir participé à la marche. Mais Loustau assure n’avoir "pas eu connaissance" de l’existence de Sefrioui et de son groupuscule – qui en étaient pourtant les animateurs – "jusqu’au monstrueux assassinat" du professeur de Conflans-Sainte-Honorine. "Toute ma vie politique a été consacrée à la France et à la lutte contre l’immigration de masse et l’islamisme radical, plaide l’élu RN. Il serait donc grotesque et malhonnête de tenter le moindre amalgame." Chatillon, lui, explique avoir "remonté tout le cortège en compagnie de Dieudonné", lequel se serait arrêté plusieurs fois, notamment à la hauteur du collectif de Sefrioui, dont il dit avoir "tout ignoré jusqu’à la semaine dernière". "Tenter de me raccrocher à ces gens est malhonnête et totalement délirant."

A cette époque, Chatillon (que le journaliste Frédéric Haziza a qualifié de "néonazi" avant de gagner son procès contre lui) évoluait dans la même nébuleuse politique que Sefrioui, en compagnie de Dieudonné, lui-même condamné pour injures antisémites. L’islamiste intègre le "bureau politique" de l’humoriste quand celui-ci prétend concourir à la présidentielle de 2007. Le militant d’extrême droite, lui, organise ses voyages en Syrie et au Liban en 2006 et 2008. "Ils avaient leur rond de serviette à la Main d’Or [le théâtre de Dieudonné], signale Jessy, ancien garde du corps de Dieudonné. Certains soirs, ils se réunissaient autour de Dieudo pour refaire le monde."

Chatillon côtoie aussi Ginette Skandrani, exclue des Verts en 2005 pour sa proximité avec des négationnistes et alors coresponsable avec Sefrioui du Comité sur le génocide en Palestine. "A la Main d’Or, j’ai vu Chatillon lors des sketchs de Dieudonné ou des conférences sur la Palestine, se souvient-elle. Mais je ne savais pas qu’il était au FN, on me l’a présenté comme un militant propalestinien."

Par le passé, Chatillon et Loustau ont déjà exprimé leur sympathie pour des islamistes propalestiniens. Dans les années 1990, les deux amis militaient au sein du GUD, groupuscule d’étudiants d’extrême droite, que Chatillon a dirigé en 1991. "Sa prise en main du mouvement coïncide avec un tournant, décrypte le politologue Jean-Yves Camus, spécialiste des droites extrêmes. Avec lui, le GUD s’est mis à soutenir la cause palestinienne radicale, qui a pour objectif d’éliminer l’Etat d’Israël."

Lors de ses manifestations, le GUD scandait "à Paris comme à Gaza, Intifada". Il a même édité une affiche en l’honneur de Yehia Ayache, un des chefs militaires du Hamas, considéré par les services israéliens comme le commanditaire d’attentats-suicides. "Ce soutien du Hamas n’est pas du tout fortuit, poursuit Camus. Ce qui les rassemble est une forme d’antisionisme radical qui porte en réalité un nom très simple, l’antisémitisme."

Dans un message adressé au site Mediapart, qui a évoqué les images de 2009, Marine Le Pen s’est refusée à condamner la présence de ses deux amis dans le cortège de l’islamiste Sefrioui. "On ne peut condamner ceux qui ont participé à ces manifestations en raison de l’émotion liée aux bombardements qui ont touché les populations civiles", écrit la présidente du Rassemblement national."

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