Revue de presse / édito

Assassinat de Samuel Paty : "Le déni en procès" (L. de Charette, Le Figaro , 4 nov. 24)

(L. de Charette, Le Figaro , 4 nov. 24). Laurence de Charette 27 novembre 2024

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

JPEG - 130.4 ko

Lire « Assassinat de Samuel Paty : le déni en procès »".

« Assassinat de Samuel Paty : le déni en procès »

Par Laurence de Charette

Samuel Paty aurait-il pu être sauvé ? Cette interrogation, ou plutôt ce tourment insupportable et lancinant, plane sur le procès de ses bourreaux qui s’ouvre aujourd’hui à Paris. Le 16 octobre 2020, la France a découvert dans l’effroi l’assassinat de l’un de ses professeurs, décapité par un réfugié tchétchène à la sortie du collège. On appelait l’école «  sanctuaire », elle est apparue telle qu’elle était devenue : un lieu de soumission, plus que d’émancipation.

La République s’est indignée, le gouvernement s’est «  mobilisé ». Bougies, hommages, discours. Puis, au nom de Samuel Paty, il fallut bientôt en accoler un deuxième, celui de Dominique Bernard, professeur de lettre poignardé trois ans plus tard devant son lycée à Arras. Les rares mots prononcés par son assassin, dont la famille devait être expulsée quelque temps auparavant, ont été consacrés à cracher sa haine de la France. Nouvelles bougies, autres hommages, mêmes discours.

«  Si la mort de mon frère avait servi à quelque chose, a alors soufflé Mickaëlle Paty, Dominique Bernard serait encore là. » Terrible vérité.

L’assassinat de Samuel Paty a en effet révélé, à ceux qui persistaient à l’ignorer, la mainmise de l’islamisme au cœur même de la société, mais il a, plus encore, mis à nu l’impensable aveuglement qui l’a autorisé – renoncements de la laïcité «  ouverte », capitulations du «  pas-de-vaguisme », lâcheté institutionnalisée… jusqu’à cette impuissance d’État face à ces fanatisés qui n’auraient jamais dû se trouver là.

Les enquêtes soulignent, aujourd’hui, les failles institutionnelles qui ont accompagné la tragédie - ces signaux d’alerte laissés sans réponse, ces dos tournés -, cette impardonnable tétanie nourrie par plusieurs décennies de déni. Cette obsession, pour tout dire, à penser à l’envers, à confondre bourreaux et victimes, à refuser de voir et de nommer le projet islamiste  ; cette passion à excuser ceux qui nous ont désignés comme ennemis. Et depuis ? Depuis lors, de nombreux professeurs ont été menacés de mort - au printemps dernier, le proviseur du lycée Maurice-Ravel qui avait exigé le retrait du voile a dû demander sa retraite anticipée.

Un nouveau procès s’ouvre. Il ne servirait à rien s’il n’était pas, cette fois, l’occasion d’un réordonnancement en profondeur de nos politiques d’immigration et de nos exigences d’assimilation.


Voir aussi dans la Revue de presse le dossier Procès de l’assassinat de Samuel Paty (2024) dans Assassinat de l’enseignant Samuel Paty (16 oct. 20) dans la rubrique Terrorisme islamiste (note de la rédaction CLR).


Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris
Voir les mentions légales