Revue de presse

"Argentine, 1978. Une Coupe du monde à la gloire d’une dictature" (Marianne, 24 nov. 22)

30 novembre 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Par Pierre Feydel

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Lire "En 1978, en Argentine, une Coupe du monde à la gloire d’une dictature militaire…".

"[...] Le cardinal Jorge Bergoglio, le futur pape François, affirme que si un prêtre avait cautionné la répression, il l’aurait fait sous sa seule ­responsabilité. L’institution est sauve. Donc, le Vatican ne bronche pas. Ainsi soit-il ! [...]

Le général Guillermo Suárez Mason explique : « Il serait absurde de supposer que nous avons gagné la guerre contre la subversion parce que nous avons éliminé son danger armé. » Autrement dit, si la guérilla des Montoneros péronistes ou de l’ERP trotskiste a été éradiquée déjà sous Eva Perón, reste à purger la société. Un autre général, Iberico Saint-Jean, promet : « D’abord, nous tuerons les subversifs, ensuite leurs collaborateurs, ensuite leurs sympathisants, puis ceux qui demeurent indifférents, et, enfin, tous les indécis. » C’est à se demander combien, parmi les 27 millions de citoyens de la République argentine, survivront au massacre. Dès lors, la « guerre sale », comme l’appellent eux-mêmes ceux qui la conduisent, va prendre toute son ampleur. [...]

En fait, l’Argentine est systématiquement favorisée par la FIFA. Les matchs ont normalement lieu à 13 h 45 et 16 h 45. Toutes les rencontres d’un même groupe ont lieu à la même heure. Sauf pour l’Argentine, qui entre sur la pelouse à 19 h 45. L’Albiceleste (blanche et bleu ciel, les couleurs du drapeau argentin), l’équipe nationale, termine deuxième de son groupe au premier tour. Au second, elle affronte le Pérou, qu’elle doit battre d’au moins quatre buts pour atteindre la finale. Elle le sait puisqu’elle joue la dernière. Les « blancs et ciel » s’imposent par 6 à 0. Le match a été arrangé.

Quelques heures avant cette rencontre, 13 opposants péruviens livrés à l’Argentine ont été exécutés par l’armée, selon l’effroyable méthode des « vols de la mort ». Les condamnés sont jetés vivants d’un avion dans le Río de la Plata ou dans l’océan Atlantique. Un service rendu d’une dictature à une autre. En contrepartie, le gardien de but péruvien, Ramón Quiroga, d’origine argentine, rate son match. L’ignoble magouille sera révélée trente ans plus tard. Voilà, en tout cas, l’Albiceleste en finale face aux Pays-Bas. [...]

En fait, pas question de mélanger sport et politique. L’ensemble de la droite française partage cet avis. À gauche, on s’agite mollement. Lionel Jospin, secrétaire national du PS, précise : « Nous demandons le boycott de l’Argentine, pas de la Coupe du monde. » Qui peut se permettre de s’attaquer au sport le plus populaire du monde ? Des intellectuels, des artistes comme Louis Aragon, Roland Barthes, Bertrand Tavernier, Marguerite Duras ou Simone Signoret, qui, eux, réclament le boycott. Les Bleus seront battus au premier tour de la compétition. [...]"



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