Revue de presse

Apartheid sexuel : l’ONU regarde ailleurs (G. Biard, Charlie Hebdo, 4 oct. 23)

(G. Biard, Charlie Hebdo, 4 oct. 23). Gérard Biard, rédacteur en chef de "Charlie Hebdo" 4 octobre 2023

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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Lire "L’ONU vote Mélenchon".

"Décidément, ces temps-ci, la France fait beaucoup jaser les instances de l’ONU. Les commères du village planétaire s’en donnent à coeur joie. Après le secrétaire général, António Guterres, qui le 20 septembre renvoyait dos à dos l’Iran qui assassine des femmes parce qu’elles portent leur voile de travers et la France qui tient à ce que la laïcité s’applique dans l’enceinte de l’école publique, voilà que la porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, Marta Hurtado, s’y met aussi. La gardienne des droits humains a critiqué la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, qui a confirmé que les ­athlètes françaises ne porteront pas le voile lors des épreuves sportives aux Jeux olympiques de Paris de 2024 : «  Personne ne devrait imposer à une femme ce qu’elle doit porter ou non. » Qui dit le contraire, à part l’Iran et la totalité des pays sous la coupe d’un régime islamiste  ?

Quelques remarques, pour éclairer la lanterne bien obscurcie de la vigie onusienne. Il ne s’agit ni plus ni moins, encore une fois, que du respect du principe de laïcité inscrit dans notre Constitution. Mais aussi de la Charte olympique – une paille s’agissant des JO –, dont la règle 50 stipule qu’« aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale n’est autorisée dans un lieu, site ou autre emplacement olympique ». Règle que Mme Hurtado semble ignorer. Comment le lui reprocher, d’ailleurs, puisque le Comité international olympique (CIO) lui-même n’en tient aucun compte et autorise l’Iran et les monarchies du Golfe à présenter des délégations de femmes voilées depuis 1996… Pire, concernant encore l’Iran, bénéficiaire semble-t-il de tous les passe-droits, le CIO ne voit absolument aucun inconvénient à ce qu’il interdise aux femmes de participer aux compétitions internationales dans cinq disciplines : boxe, gymnastique, natation, lutte et beach-volley.

Cet apartheid sexuel, conforme à l’organisation sociale et politique voulue et mise en place par les mollahs depuis quarante-quatre ans, ne semble pas davantage gêner le Haut-Commissariat aux droits de l’homme. Il est vrai qu’en l’espèce les droits de l’homme ne sont en rien bafoués. Seuls les droits des femmes sont piétinés ici. Et visiblement, l’ONU s’en tape, puisqu’on n’a pas entendu Mme Hurdato s’indigner. Pourtant, un collectif, constitué entre autres de l’ancien champion de boxe franco-iranien Mahyar Monshipour, de l’avocat Frédéric Thiriez et de la Ligue du droit international des femmes, a demandé au CIO d’exclure l’Iran des JO pour ségrégation sexuelle, comme l’Afrique du Sud l’avait été de 1964 à 1991 pour ségrégation raciale.

Certes, on peut considérer l’ONU comme un vieux « machin » moisi, qui n’a jamais été foutu de prévenir le moindre génocide alors que c’est précisément pour cela qu’il a été conçu. Il n’empêche que ce géant multilatéral – 193 États y sont représentés – donne une idée de la température politique du monde. Il est donc pour le moins inquiétant d’entendre ses plus hauts représentants affirmer qu’une démocratie ne vaut pas mieux qu’une dictature. Bien sûr, ils ne sont pas les seuls à le dire, y compris dans bien des démocraties. C’est le cas en France, quand des élus Insoumis ou EELV déclenchent un psychodrame sur l’abaya et parlent de « police du vêtement », ou quand une tribune-pétition publiée sur Mediapart et prétendant défendre les femmes iraniennes compare la lutte du mouvement Femme, vie, liberté aux émeutes urbaines qui ont suivi la mort de Nahel et dénonce « un féminisme libéral, islamophobe, et transphobe »… Mais si l’ONU n’a désormais plus d’autre ambition que de se mettre au niveau d’un blog de Mediapart ou d’un tweet de LFI, il est peut-être temps d’abréger ses souffrances et de passer à autre chose."



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