10 avril 2014
"Le philosophe a récolté 16 voix sur 28 au premier tour. Il occupera le fauteuil de Félicien Marceau.
Le philosophe Alain Finkielkraut a été élu jeudi au premier tour à l’Académie française au fauteuil de Félicien Marceau, en dépit de la polémique qui avait précédé le scrutin, ont indiqué des sources concordantes à l’AFP. Le nouvel immortel de 64 ans a été élu au premier tour par 16 voix sur 28. Huit académiciens ont apposé des croix sur leurs bulletins de vote.
Ardent polémiste, taxé de réactionnaire par ses détracteurs, le philosophe de 64 ans ne laisse personne indifférent. Et la candidature de ce familier des plateaux de télévision, animateur de l’émission Répliques sur France Culture, n’a pas manqué d’agiter le petit monde feutré du Quai de Conti : personnalité « trop clivante », trop « polémique », jugeaient les académiciens opposés à son élection, mais qui avançaient masqués, certains allant jusqu’à évoquer l’entrée à l’Académie du Front national...
« Profil idéal », « intellectuel incontournable », rétorquaient ses partisans, parmi lesquels Pierre Nora, Max Gallo ou Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuel de l’institution fondée en 1635 par Richelieu. « Si Finkielkraut n’est pas élu jeudi, je ne mettrai plus les pieds à l’Académie », prévenait même Jean d’Ormesson, cité par Le Figaro. Des prises de positions contraires aux statuts de la compagnie, avant une élection, mais pas inédites. Le même Jean d’Ormesson avait ainsi défendu avec ardeur la candidature de la première académicienne, Marguerite Yourcenar, en 1980. [...]
Critique de la modernité (sic) [1] et pourfendeur du politiquement correct, Alain Finkielkraut a suscité de vives controverses fin 2013 avec son essai à succès sur l’identité nationale et l’immigration, L’Identité malheureuse (Stock). L’un de ses contradicteurs avait été le Premier ministre Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur. De tels remous n’ébranlent guère ce polémiste anticonformiste « mû par la volonté aristocratique de déplaire », selon Pascal Bruckner qui cosigna avec lui Le Nouveau Désordre amoureux, succès en 1977 de ces deux brillants philosophes de 28 ans s’attaquant au mythe de la révolution sexuelle.
« Mes buts ne sont pas politiques », dit Alain Finkielkraut. « J’écris pour dévoiler ce qui m’apparaît comme une certaine vérité. Les nuances ne peuvent pas être l’alibi pour noyer le poisson. » [...]
Fils d’un déporté survivant d’Auschwitz, Alain Finkielkraut est né le 30 juin 1949 à Paris dans une famille juive d’origine polonaise. Normalien, agrégé de lettres et professeur de philosophie, notamment à l’Ecole polytechnique jusqu’à l’an dernier, il voue aux lois de la République un respect absolu et défend bec et ongles l’école républicaine « à la française ». On retrouve chez l’écrivain et philosophe, à qui un lymphome a coûté la vision de l’œil droit, l’influence de Hannah Arendt, Emmanuel Lévinas, Charles Péguy ou encore de son ami Milan Kundera, qui dit de lui : « Cet homme ne sait pas comment ne pas réagir. » [...]"
Lire "Alain Finkielkraut entre à l’Académie française sur fond de polémique".
[1] Note du CLR.
Lire notamment Foulard islamique : « Profs, ne capitulons pas ! » (Le Nouvel Observateur, 2 nov. 89). Alain Finkielkraut faisait partie du Comité fondateur du Comité Laïcité République (note du CLR).
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