8 janvier 2016
"La montée du communautarisme favorise les dérives au sein de Servair, filiale logistique de la compagnie Air France. Une enquête de Marianne détaille l’infiltration de musulmans radicaux au sein de certains syndicats.
C’est une descente des forces de l’ordre qui a jeté une lumière crue sur les dérives communautaristes au sein de Servair, filiale d’Air France spécialisée dans la restauration et la logistique pour le secteur aérien. Le 19 novembre, six jours après les attentats de Paris, la gendarmerie des transports aériens et la police aux frontières ont fouillé 4.000 casiers dans le vestiaire de l’entreprise, à l’aéroport Charles-de-Gaulle. Au final, "quelques lectures religieuses de propagande avancée ont été retrouvées", selon le préfet délégué aux aéroports de Roissy et du Bourget, Philippe Riffaut. Mais ce qui inquiète une partie des employés de Servair, et notamment des musulmans qui subissent la pression de coreligionnaires extrémistes, ce sont plutôt les dérives au quotidien. Comme ces manutentionnaires qui refusent de toucher à des caisses contenant de l’alcool ou ces salariés dans les bureaux de fret qui s’opposent aux commandes de vin. Des dérives souvent favorisées par un noyautage des syndicats par des intégristes religieux, comme le révèle une enquête de Marianne, en kiosques vendredi 8 janvier.
"La radicalisation des musulmans pratiquant un islam rigoriste date de la fin des années 2000 avec la montée du communautarisme au sein même des syndicats", explique Jean-Claude Chapon, délégué syndicat central CFDT chez Servair. Il dénonce une direction qui "fait la sourde oreille", en rapportant cette anecdote : "Au début des années 2000, la salle de sport servait de salle de prière. Elle n’a rien trouvé de mieux que de la fermer."
Plus récemment, en 2011, sous la pression d’un responsable du comité d’entreprise (CE) d’Air France, la viande servie à la cantine du personnel au sol de la compagnie est devenue exclusivement halal. "L’épisode a été très ponctuel, cela a duré quelques semaines, le temps que cela remonte jusqu’à nous", précise Patricia Chambaudrie-Bercy, responsable diversité d’Air France. Le responsable syndical à l’origine de l’affaire était encarté à la CGT, syndicat déjà pointé du doigt pour avoir compté des intégristes parmi ses membres. "Ce clientélisme étant contraire à l’éthique de la CGT, nous avons carrément, en 2013, suspendu sa section et relevé tous ses responsables de leurs mandats", affirme Mehdi Kemoune, actuel secrétaire général adjoint de la CGT Air France.
Désormais, c’est Force ouvrière (FO) qui est accusée au sein de la CGT d’accueillir les radicaux excommuniés ailleurs. Christophe Malloggi, secrétaire général FO à Air France, s’en défend : "La CGT a joué à un jeu dangereux en portant des revendications ultracommunautaires par souci de plaire, avec des erreurs de casting. Cela n’a pas sa place chez nous. Nous restons laïques."
Si certains syndicats ont fermé les yeux sur ce genre de situation, c’est pour ne pas se priver d’adhésions et de votes aux élections professionnelles. D’autant que depuis la loi sur la représentativité de 2008, les syndicats doivent dépasser la barre des 10% dans les entreprises pour faire partie des négociations. Un appât du gain auxquels certains ont cédé, renforçant le risque d’enracinement de l’islamisme ordinaire."
Lire "Air France : quand les islamistes noyautent les syndicats".
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