Périco Légasse, rédacteur en chef à "Marianne". 27 février 2018
"Ce que révèle la foire d’empoigne autour des pots de pâte à tartiner bradés est tragique. Elle montre le visage d’un système pervers et vicié qui n’hésite pas à exploiter la "panurgisation" des plus faibles.
A l’époque lointaine où les droits de l’homme restaient à conquérir, le peuple français se battait pour du pain. Maintenant qu’ils sont acquis, il s’écharpe pour du Nutella. Qui aurait dit qu’au pays où l’insigne Déclaration est inscrite dans la loi fondamentale depuis 1789 les émeutes de la faim, jadis à l’origine des grands mouvements de revendication sociale, sont devenues les émeutes du sucre, ce veau d’or du mercantilisme globalisé symbole de l’addiction alimentaire ? Ce qui s’est passé le 25 janvier 2018 dans les magasins Intermarché, où l’on a piétiné des grand-mères et bousculé des poussettes pour s’arracher trois pots de pâte à tartiner, a peut-être sonné la fin d’un système dont la vocation initiale était de nourrir les masses à des prix « démocratiques » avant de les pousser à se gaver de malbouffe pour satisfaire des besoins destinés à dégager plus de marges. Est-ce bien là le reflet d’une société évoluée, émancipée, moderne, libérale, liée à une République sociale dont la devise est Liberté, Egalité, Fraternité, ou celui d’un monde où les paysans se suicident parce que le marché refuse de leur payer 36 centimes 1 litre de lait qui leur en coûte 39 ? [...]
Panem et circenses se dit désormais "Nutella et Hanouna" [...]"
Lire "Affaire Nutella : la malbouffe et les "salauds de pauvres"".
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