5 juin 2009
Le Comité Laïcité République a soutenu dès le départ cette initiative et se félicite d’y retrouver des associations, des personnalités et des parlementaires avec lesquels nous avons l’habitude de partager des combats.
Tout a été dit sur le caractère profondément choquant de cet accord entre la France et le Saint Siège. Je voudrais donc le resituer dans un contexte plus général. Il apparait que cet accord est une des applications pratiques des fameux discours de Latran et de Ryad prononcés par le président de la République fin 2007.
Rappelez-vous. Plusieurs associations –dont le CLR- avaient alors mis en garde le chef de l’Etat contre la tentation d’une révision de la loi de Séparation des églises et de l’Etat de 1905, révision qu’il n’est pas le seul à défendre d’ailleurs. Et sachons aussi nous souvenir que si M. Sarkozy a pu parler avec autant d’aplomb de laïcité « positive », certains, dans l’autre camp politique, avaient préparé le terrain depuis 20 ans en parlant de laïcité « plurielle » ou « ouverte ». La mobilisation du camp laïque fin 2007 l’avait semble-t-il dissuadé de toucher à cette loi. Mais, pour autant, on déconstruit le principe de Séparation sans réviser la loi. Cet accord avec le Vatican en est une illustration éloquente.
S’agissant d’un dossier que nous suivons de longue date au Comité Laïcité République, celui de la discrimination positive, le procédé est le même. Un rapport avait été commandé à Mme Simone Veil pour introduire la notion de diversité dans le préambule de la Constitution. Celle-ci a clairement indiqué qu’il ne fallait pas remettre en cause le principe d’égalité de tous les citoyens devant la loi. Le rapport Veil est hélas mis de coté et M. Sabeg, militant de longue date de la discrimination positive et des statistiques ethno-raciales, est nommé commissaire à la diversité.
Dans les deux cas, ce sont des principes républicains fondamentaux qui sont mis en cause. Des principes qui sont inséparables de ce qui fait la force de l’universalisme républicain bien au delà de nos frontières. Et cet accord avec le Vatican scelle une immixtion encore plus grande des forces religieuses dans l’espace public a une période ou –on le voit partout dans le monde- nous devrions plutôt avoir à cœur de préserver l’espace public des affrontements religieux et communautaires. De ce point de vue là, la laïcité, le principe de Séparation des églises et de l’Etat devraient plus que jamais constituer des outils pour préserver la concorde et la paix civile. En mettant en cause ces principes, c’est cet équilibre qui est menacé et c’est pourquoi nous sommes inquiets face à ces dérives préoccupantes pour la cohésion de notre société.
Philippe Foussier, président du CLR
Lire le communiqué du CLR Reconnaissance des diplômes universitaires : une nouvelle attaque contre la laïcité (13 jan. 09), voir Accord sur les diplômes entre la France et le Vatican et dans notre Revue de presse, dans la rubrique Sarkozy et la laïcité, Accord sur les diplômes entre la France et le Vatican (note du CLR).
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