Abnousse Shalmani, journaliste et écrivaine. 19 juillet 2022
[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"Notre chroniqueuse dit sa lassitude de la sacralisation des femmes en victimes de tout : des médecins, des politiques, des collés-serrés, des régimes, des serviettes hygiéniques...
Lire ""Je suis une femme et j’étouffe" : plaidoyer contre le néoféminisme, par Abnousse Shalmani".
Jamais dans l’Histoire le féminisme n’a autant joué contre les femmes et leurs droits. C’est le paradoxe de nos jours : il n’est pas un débat, une nomination, un fait divers, la sortie d’un livre ou d’un film, une exposition où la parole féministe ne soit conviée, et pourtant jamais les femmes n’ont paru si effacées par essentialisation, par infantilisation, par incohérence. LA femme est devenue l’alpha et l’oméga de toute analyse, de toute prise de position, jusqu’à l’absurde : ainsi Elisabeth Borne est indémissionnable parce que femme ; qu’importe si Yaël Braun-Pivet, première femme présidente de l’Assemblée nationale, est contre l’assimilation (qui a permis, je le rappelle pour les distraits, de libérer les exilés du poids de l’exil et de les intégrer dans la société française), elle est avant tout un sexe avant d’être un individu possédant des convictions politiques - que personne ne connaît par ailleurs ; qu’importe en revanche que Marine Le Pen soit une femme parvenue par deux fois au second tour de l’élection présidentielle, son appartenance politique annihile son sexe.
La majorité des politiques et des commentateurs tiennent le compte du nombre de sexes féminins dans toutes les assemblées, manifestations, fictions, émissions, etc., distribuant les bons et mauvais points. Mais, davantage les femmes sont comptées, plus elles s’effacent, le sexe n’étant ni une qualité ni un défaut, mais une banale réalité biologique. Au contraire du travail, des idées, des innovations, du culot, de l’ambition, des carrières, en somme des actes, qui seuls permettent de mesurer la qualité d’un individu.
Le néoféminisme a tout fait pour détourner les femmes de la justice, devenue un instrument patriarcal de domination et une machine à nier la parole des femmes. Dorénavant, c’est le monde médical qui est l’objet d’une nouvelle entreprise de destruction des néoféministes. Les plaintes pour viol déposées contre l’ex-gynécologue Chrysoula Zacharopoulou en témoignent. Que la secrétaire d’Etat à la Francophonie soit une spécialiste reconnue de l’endométriose, qu’elle ait oeuvré à la faire reconnaître comme une maladie ne semble pas peser dans la balance des "violences" qu’elle aurait commise lors de consultation gynécologique.
Quand une femme se rend chez un gynécologue et qu’elle s’installe les pieds dans l’étrier, à quoi s’attend-elle donc ? Que peut-elle imaginer pour croire que le frottis est un viol ? Comment pourrait-elle être soignée si aucun examen n’est pratiqué ? Les femmes qui incriminent la secrétaire d’Etat s’étonnent de l’absence de consentement ; d’accord, je veux bien qu’il existe des médecins incapables de pédagogie et des femmes incultes, mais l’attaquer parce qu’elle pratique un examen alors que la patiente est déjà munie d’un dossier avec moult examens relève d’une bêtise abyssale. La conséquence est dramatique : le viol à toutes les sauces perd sa dimension criminelle.
Ajoutons à cela l’instrumentalisation politique des violences sexuelles. L’hystérie de La France insoumise à dénicher des violeurs dans tout regard un brin concupiscent s’arrête aux portes de leur parti du Bien. On découvre la même semaine que Taha Bouhafs, accusé de viol (sans dépôt de plainte, sans confrontation avec ses accusatrices), devait jouer la carte du "racisme" pour expliquer son retrait alors que la vigie des viols. Clémentine Autain était déjà au courant des accusations de violences sexuelles contre lui, tandis qu’Eric Coquerel est visé par une plainte pour drague lourde datant de 2014 - mais soudain, il ne peut être démissionné. Pas comme Damien Abad, qui n’est même pas mis en examen. Constatons le changement de discours des sales gosses de la LFI, qui se rappellent l’avantage de la présomption d’innocence.
Je suis une femme et j’étouffe. Je ne supporte plus les décomptes, la sacralisation de la parole des femmes, la sacralisation du corps des femmes - des doigts de pied jusqu’aux cheveux -, de l’horizon féminin comme unique voie politique, des femmes victimes de tout, des médecins, des patrons, des employés, des mains baladeuses, des politiques, des danses collés serrés, des maillots de bain, des régimes, des vélos, des pandas, des serviettes hygiéniques... La très grande majorité des demandes de changement de sexe concerne les adolescentes. Plus de 70 %. Logique. Qui veut encore être une femme dans ce monde qui la glorifie par politiquement correct et intérêt politique ?"
Voir aussi dans la Revue de presse la rubrique Féminisme dans Femmes-hommes (note du CLR).
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