Alain Seksig, Inspecteur de l’Education nationale, membre du Conseil des sages de la laïcité de l’Education nationale, ancien responsable de la mission Laïcité du Haut Conseil à l’intégration. 2 juin 2019
[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"Par Caroline Beyer
INTERVIEW - Ancien directeur d’école, Alain Seksig est inspecteur honoraire et membre du conseil des sages de la laïcité, installé en mai 2018 par le ministre de l’Éducation. Il est favorable à une loi interdisant les signes religieux en sortie scolaire.
LE FIGARO. - Pourquoi le sujet des mères voilées pendant les sorties scolaires revient-il régulièrement dans le débat public ?
Alain SEKSIG. - Parce que, juridiquement, la question n’a jamais été tranchée ! On ne dispose aujourd’hui que d’une étude du Conseil d’État - pas un avis, et encore moins une loi - qui date de 2013. Quant aux jugements des tribunaux administratifs sur le sujet, deux vont dans le sens du refus de voir les parents arborer des signes religieux, et deux autres dans le sens inverse. Pour autant, tous se réfèrent à l’étude du Conseil d’État, en posant qu’il est possible pour un directeur d’école d’interdire la participation d’un parent à une sortie, dans la mesure où celui-ci fait du prosélytisme. Mais il est difficile, pour un directeur d’école, de se poser en juriste.
Le Conseil d’État ne reconnaît pas ces parents comme « collaborateurs occasionnels du service public ». Qu’en dites-vous ?
Le problème vient de la circulaire d’application de la loi de 2004 sur l’interdiction des signes religieux à l’école. Elle précise que la loi ne concerne pas les parents. Mais peut-on placer sur le même plan le parent qui accompagne son enfant à l’école, celui qui participe au conseil d’école et celui qui accompagne une sortie ? La sortie scolaire a lieu sur le temps scolaire, dans le cadre d’une activité pédagogique décidée par un enseignant qui propose à des parents d’être accompagnateurs. Ces parents accompagnent une classe, pas leur enfant.
Quelle est la position du conseil des sages de la laïcité ?
De Jean-Louis Bianco (le président de l’Observatoire de la laïcité, NDLR) à Laurent Bouvet (le cofondateur du Printemps républicain), les avis des membres divergent. Nous avons choisi de travailler, d’abord, sur ce qui nous unissait, et de ne pas aborder immédiatement cette question conflictuelle, sur laquelle nous sommes très attendus. Mais elle reste posée. Nous avons à cœur de ne pas laisser les enseignants livrés à eux-mêmes.
À titre personnel, qu’en pensez-vous ?
Selon moi, il faut dire les choses clairement, par la loi. J’ai été directeur d’école puis, à partir de 2003, inspecteur d’académie en Seine-Saint-Denis. J’avais alors dit aux directeurs d’école d’expliquer aux parents que nous souhaitions qu’ils arborent, lors des sorties, une tenue religieusement neutre, en leur précisant que ce n’était pas la personne dont nous ne voulions pas, mais le signe. Nous avons obtenu quelques résultats. Des règlements ont même été votés. Avant que l’on me demande, en 2005-2006, sous Fillon, de mettre fin à cette démarche. Les ministres de l’Éducation, qu’ils soient de droite comme de gauche, font tous valoir que la question ne mérite pas d’être traitée, que ce ne sont pas deux mères voilées qui vont mettre à bas la République. Il faut prendre le temps de parler du sujet. Il est aussi question de la place des femmes dans notre société.
Voir aussi le communiqué CLR-Ufal-Egale Parents accompagnateurs de sorties scolaires : vers des « accommodements raisonnables » avec la laïcité ? (24 déc. 13), dans la Revue de presse toute la rubrique Personnes accompagnant les sorties scolaires dans Voile, signes religieux à l’école ; Jean-Michel Blanquer et LREM dans Emmanuel Macron (note du CLR).
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