7 octobre 2012
"Au jeu des bains de foule et des mains serrées, il rappellerait presque Jacques Chirac jeune, avec ses cheveux tirés en arrière, son front large et ses traits secs, adoucis par la vitesse des sourires. Celso Russomanno est le candidat surprise de Sao Paulo aux élections municipales du 7 octobre. Un "phénomène", comme le décrit la presse locale, qui en dit long sur la vie politique et les tensions qui traversent cette ville hors norme, démesurée, capitale économique du Brésil et première mégapole d’Amérique du Sud.
Soutenu par le Parti républicain brésilien (PRB, droite), contrôlé par les évangéliques de l’Eglise universelle du royaume de Dieu, cet ex-journaliste distance – depuis des semaines, de 5 à 10 points, selon les sondages – ses principaux rivaux : José Serra, ancien maire, gouverneur, ministre, deux fois candidat malheureux du Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB, opposition) à la présidence de la République, et Fernando Haddad, candidat du Parti des travailleurs (PT, gauche) et fils spirituel de l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva, son "meilleur ministre" comme il dit. Au second tour, Celso Russomanno remporterait le scrutin, quel que soit l’adversaire. [...]
Fervent catholique, comme il dit, Celso Russomanno a su jouer des réseaux du PRB. Il séduit les évangéliques en pleine ascension : "Si chaque bloc d’immeuble avait une église, le monde serait meilleur." Lorsque son coordinateur de campagne, le pasteur évangélique Marcos Pereira, se retrouve au centre d’une polémique avec la hiérarchie catholique pour un commentaire posté sur son blog, le candidat Russomanno fait bloc. "Je ne me lancerai pas dans une guerre sainte à Sao Paulo", répond-il au cardinal Raymundo Damasceno, qui s’élevait contre l’"instrumentalisation de la religion pour obtenir des voix". Marcos Pereira avait laissé entendre que l’Eglise catholique soutenait les homosexuels pour ne pas s’être opposé au "kit gay", un projet du temps où Fernando Haddad était ministre de l’éducation (2005-2011), qui consistait à fournir du matériel dans les écoles pour lutter contre l’homophobie. L’initiative fut abandonnée devant la mobilisation et l’hostilité des évangéliques."
Lire "A Sao Paulo, un "phénomène" évangélique défie le centre gauche".
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