29 avril 2012
"Officiellement, les pouvoirs publics continuent de soutenir les formations lancées ces dernières années pour sensibiliser au droit, à la laïcité et à l’histoire des religions les cadres cultuels musulmans. "Il est hors de question d’arrêter l’effort financier" du gouvernement, assure-t-on au ministère de l’intérieur, chargé des cultes. La réalité est plus mitigée.
Historique, la formation créée en 2008 à l’Institut catholique de Paris pour donner aux futurs imams ou responsables associatifs musulmans une meilleure connaissance des rapports entre l’Etat et les religions, est en passe d’être "redimensionnée". Face à des difficultés de recrutement dues à la fois au manque de débouchés, au flou des objectifs visés par ce diplôme universitaire (DU) et à l’absence de mobilisation de plusieurs fédérations musulmanes pour y inscrire des candidats, le cursus s’est essoufflé au fil des années, entraînant le départ de certains enseignants, comme le sociologue des religions Olivier Bobineau, l’un des artisans du projet en lien avec le bureau des cultes, dès 2007.
Résultat : le nombre d’étudiants et de diplômés n’a cessé de baisser depuis 2008, date de la première promotion. Sur les 60 diplômés depuis lors, 17 l’ont été la première année, 22 en 2009, 12 en 2010 et seulement 9 en 2011, alors même que la formation et les subventions afférentes, 120 000 euros, avaient été prévues pour des promotions de 40 personnes. Quatorze personnes se sont inscrites cette année, dont toutes ne mèneront pas le cursus à son terme. L’an prochain, l’Institut catholique table sur "une vingtaine d’étudiants" et pourrait recevoir une subvention correspondant à ce nouveau schéma.
Philippe Bordeyne, le recteur de l’Institut catholique de Paris, estime que la formation qui était jusque-là majoritairement ouverte aux musulmans "doit être élargie et viser une qualification professionnelle". Un accent sur "la médiation et l’interreligieux" devrait être introduit pour permettre de meilleurs débouchés. L’Institut catholique espère surtout attirer des responsables d’autres cultes, notamment des prêtres catholiques venant d’Afrique et d’Asie ou des prêtres orthodoxes.
A l’université de Strasbourg, où un diplôme universitaire, également axé sur le droit, les institutions, la pluralité religieuse, la sociologie, l’historique des religions en France et en Europe, a été ouvert à la rentrée 2011, le recrutement est aussi limité. Pour cette première promotion, 12 personnes sont inscrites, responsables d’associations cultuelles ou culturelles, principalement musulmanes. [...]
Les difficultés de développement rencontrées par ces formations et leur impact limité sur les publics a priori visés contrastent avec les discours politiques sur la nécessité de former des responsables religieux au contexte français, et les besoins réels observés sur le terrain, notamment en termes d’aumôniers et d’imams au fait de la laïcité à la française."
Lire "A Paris, à Strasbourg, les formations proposées aux imams ne font pas le plein".
Comité Laïcité République
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